Le rachat de Shell Maroc par Libya Oil est sur toutes les lèvres. L'entreprise avance une réponse mitigée. Des sources concordantes viennent de mettre un terme à des spéculations qui durent depuis près de deux ans : l'acquisition de la filiale marocaine de Royal Dutch Shell, Shell Maroc, par la société Libya Oil Holding. Les deux pétroliers auraient conclu l'opération de cession. Toujours de même source, la transaction aurait été réalisée en deux temps. Après avoir acquis le pôle carburant de Shell Maroc, la firme libyenne vient de finaliser le rachat du pôle gaz. La société finalise ainsi son processus de rachat de Shell Maroc. Une opération qui répondrait à l'orientation stratégie de Libya Oil dans le royaume. Contactée par Le Temps, la direction générale de Shell Maroc oppose à cette information son droit de réserve. «Comme dans tout secteur compétitif, Royal Dutch Shell gère activement son portefeuille d'activités pour optimiser sa rentabilité. Il fait partie de la stratégie de Royal Dutch Shell de discuter avec des parties tierces de temps en temps. Toute conversation reste confidentielle», apprend-t-on auprès de la filiale marocaine. La réponse prête à confusion. Mais, il est clair qu'aucun élément infirmant l'opération d'achat ne transparait de la déclaration. Sauf qu'à l'international, un plan stratégique est en marche, visant justement à «optimiser cette rentabilité». Et les actions menées par la maison mère en témoignent. Signes avant-coureurs Mardi dernier, Royal Dutch Shell annonçait la suppression de 1000 emplois supplémentaires d'ici la fin 2011. S'ajoute un millier de licenciements programmés pour l'année en cours. «Le groupe est devenu trop compliqué et trop lent à réagir. C'est pourquoi nous devons nous affûter et nous devons en faire plus pour réduire nos coûts et améliorer nos performances», a lancé Peter Voser, directeur général de Royal Dutch Shell lors de la présentation des résultats le 4 février. Depuis deux ans, les observateurs perçoivent les signes d'une nouvelle configuration du secteur de la distribution énergétique en Afrique. Mi-2008, les enseignes Libya Oil font leur apparition à travers le royaume. Les points de distribution du pétrolier Exxon Mobil tombent sous le giron du groupe libyen. Début 2009, Libya Oil gère un réseau de 182 stations de distribution de carburant à travers le Maroc et dispose d'un grand réseau de revendeurs. La société procède alors à une officialisation du label «Oilibya» qui marque le début d'un large programme d'investissement et un intérêt tout particulier sera porté pour le Maroc. Peu de temps après, le groupe dévoile encore plus ses ambitions en transférant à Casablanca l'Africana corporate services, une entité qui gère toutes les filiales africaines de la firme. Puis, vient le tour de Shell Soudan et Shell Djibouti de passer dans le giron du libyen. Et près d'1,3 milliard de dollars est affecté à l'acquisition des filiales africaines de Royal Dutch Shell. Pendant ce temps, Royal Dutch Shell gèle ses projets et pense à continuer à céder ses activités en Afrique… Mohamed Amine Hafidi