Paris- La régionalisation est un choix audacieux que ne peuvent se permettre que les Etats forts et légitimes, comme le Maroc, a affirmé M. Frédéric Rouvillois, professeur de droit constitutionnel à l'université Paris-Descartes et membre du Conseil scientifique de l'Observatoire d'études géopolitiques (OEG). "La régionalisation présente un danger pour les Etats faibles, mais c'est uniquement lorsque l'Etat est fort et légitime, comme c'est le cas pour le Maroc, qu'il peut se permettre de décentraliser", a précisé le Pr. Rouvillois, co-auteur du livre "Le Maroc en marche" (CNRS Editions, 2009). Dans un entretien à la MAP, en marge de la dédicace de cet ouvrage collectif au Salon du Livre de Paris, le juriste français a estimé aussi que "la régionalisation est un moyen d'enrichir l'unité nationale et de renforcer l'Etat, en lui permettant de se concentrer sur ses fonctions principales". Cet expert en droit comparé juge "originale" la manière dont les questions notamment de la régionalisation et des droits de l'Homme ont été abordées au Maroc, contrairement à la tendance dans les pays en développement, où on sacrifie les droits de l'Homme, les libertés individuelles et la décentralisation, pour, soi-disant, préserver l'unité de l'Etat. Au Maroc, en revanche, "les autorités font le pari des droits de l'Homme et de la décentralisation, un pari que le pays a tous les moyens de gagner, fort qu'il est de sa monarchie constitutionnelle et de l'unité de sa nation", a-t-il souligné. Pour le Pr. Rouvillois, "le Maroc est en décalage par rapport à plusieurs pays en développement et se positionne désormais comme un modèle pour ces pays". Et d'ajouter que l'originalité du projet marocain de régionalisation réside dans le fait que "SM le Roi Mohammed VI a clairement précisé, dans Son discours de 02 janvier, que le Maroc ne compte pas calquer ce projet sur un modèle étranger, mais en même temps, le Souverain n'a pas exclu de tirer les enseignements des expériences de régionalisation de par le monde". Ce faisant, "le Souverain avait raison, car on ne peut pas transposer une réalité donnée sur une situation différente", a-t-il noté. Le juriste français a, par ailleurs, dressé un parallélisme très intéressant entre les processus de régionalisation en France et au Maroc à travers l'histoire. Dans les deux cas, explique-t-il, "il y avait un Etat décentralisé - la France avant la révolution, et le Maroc avant l'indépendance -, qui va être fortement centralisé, avant de se décentraliser progressivement". Ces deux cas présentent "une décentralisation maîtrisée, rationnelle et qui ne remet pas en cause l'unité de l'Etat et de la nation", a-t-il souligné. "Le Maroc en marche": Un regard français sur la dynamique du Royaume "Le Maroc en Marche: Le développement politique, social et économique du Maroc, réalisations (1999 -2009) et perspectives" est un ouvrage scientifique dans lequel plusieurs intervenants Français de divers horizons portent un regard de fond sur la dynamique de développement et le processus de réformes au Maroc, indique l'universitaire français. C'est un ouvrage majeur qui reprend les actes du colloque organisé, en juin 2009 au Sénat français, par le Centre de droit international, européen et comparé de la Faculté de droit de l'Université Paris Descartes et l'OEG. Outre M. Rouvillois, d'éminentes personnalités françaises y ont contribué, à savoir Christian Cambon, Jean-Yves de Cara, Dominique de Courcelles, Emmanuel Dupuy, Olivier Galland, Stève Gentili, Michel de Guillenchmidt, Florence Jean, Jean-Pierre Machelon, Jean-François Poli, Thierry Rambaud, Jean Roatta, Michel Rousset, Charles Saint-Prot, Zeina el Tibi et Henri-Louis Védie. Les intervenants démontrent comment le Maroc, sous l'impulsion énergique de SM le Roi Mohamed VI, entend répondre aux grands défis et tenir le cap de la modernisation dans le respect de la tradition. Conforter l'unité nationale, renforcer l'Etat de droit, asseoir l'identité culturelle tout en la rénovant, contribuer à l'évolution organique des mentalités et stimuler l'effort d'adaptation dans le champ religieux, tous ces objectifs se ramènent à un seul: Favoriser un développement politique, social et économique à la fois harmonieux, durable, et partagé, soulignent-ils. Etant spécialiste du droit constitutionnel, Frédéric Rouvillois, affirme avoir été attiré par le réalisme et l'objectivité des concepts: "parachèvement de l'Etat de droit" et "nouveau concept de l'autorité", mis en avant par SM le Roi. Dans le domaine des droits de l'Homme et des libertés, le Maroc a réussi "le changement dans la continuité. C'est la volonté d'aller à petits pas dans le sens des réformes, et c'est la seule manière de faire les choses d'une manière pragmatique et finalement efficace", a-t-il expliqué. Pour le juriste français, le Souverain a "mis en avant très tôt le nouveau concept de l'autorité". "En se rendant en permanence dans les différentes régions du pays", SM le Roi "fourni l'exemple de la proximité et de l'ouverture qu'Il prône entre l'administration et le citoyen", a-t-il noté.