Après avoir signé une convention avec l'Etat pour le développement de plates-formes dédiées à l'offshoring, Med Z se retrouve aujourd'hui face la concurrence inattendue de TMSA, qui lance “Tétouan shore”. À un mois de l'ouverture des portes de la première édition du Salon Maroc Offshore, des sources bien informées annoncent d'ores et déjà l'organisation d'un méga évènement en décembre prochain. Et attention, ce dernier est porté par Med Z et sa filiale Casanearshore, en étroite collaboration avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et des NTIC. D'ailleurs, c'est le chef de cabinet du ministre lui-même qui appelle les personnes intéressées pour introduire la dame chargée de la commercialisation de l'évènement. Deux rendez-vous pour une même thématique ? Cela laisse perplexe. Notons en effet que l'offshoring, tel que défini par le Plan émergence (dans sa première et seconde mouture), comprend certes les ITO (développement de logiciel et services informatiques) et les BPO (back office comptable, entre autres), mais se positionne également sur les centres d'appels. D'ailleurs, ces derniers génèrent déjà, selon les chiffres publiés par l'Office des changes, plus de 3 milliards de dirhams de chiffre d'affaires annuel. Et à ce titre, le Maroc ne peut se permettre le luxe de les négliger. Preuve en est la place que les centres d'appels occupent dans le Pacte national pour l'émergence industriel (PNEI). C'est dire l'opportunité de mettre en place une plate-forme de promotion englobant l'ensemble du secteur. Une plate-forme qui servira de base de travail pour l'AMDI (Agence marocaine de développement des investissements). Or, alors que ladite agence attend toujours la nomination de son directeur, la bataille de l'offshoring fait déjà rage. Les appétits de Med Z En effet, selon certaines indiscrétions, les ambitions de Med Z dépassent les sites déjà opérationnels, comme Casanearshore et Rabat Technopolis. Les mêmes sources soutiennent que la filiale de la CDG fait des mains et des pieds pour récupérer la gestion des autres sites programmés dans le cadre du Pacte pour l'Emergence industrielle, signé devant le roi à Fès en mars derniers. Le PNEI prévoit en effet le développement de sites dédiés à Marrakech, Fès, Oujda et Tétouan. L'absence d'engagements datés et précis dans le pacte, laisse la porte ouverte à toutes les supputations. D'ailleurs, des sources y voient la preuve que les projets de Rabat et de Casablanca priment sur tous les autres. Ce qui veut dire que hors ces deux sites prioritaires, tout le reste attendra le moment opportun. D'autres sources qui ne rejettent pas cette lecture, estiment tout de même que seul le projet de Marrakech shore pose problème. “La réalisation des zones de Oujda et Fès ne posent pas de problème de concurrence pour celles de Casablanca et de Rabat. Celle de Marrakech a une autre dimension qui implique la qualité de vie et l'attrait de la ville ocre…”, nous explique notre source. Contacté, le ministère de l'industrie et du commerce et des nouvelles technologies se veut rassurant : “La demande explose sur le site de Casablanca et il n'y a aucune raison de craindre ou de freiner le développement des autres plates-formes”, nous déclare-t-on au département d'Ahmed Chami. Cela n'empêche qu'il n'y a aucune date ni promesse précise concernant le lancement du projet de Marrakech shore. Cela est d'autant plus révélateur que le projet lui-même a été redimensionné : de 80 hectares annoncés au départ, les autorités lui prévoient une superficie (déclarée) de 40 hectares (près de la nouvelle ville de Tamensourt). “Même dans les présentations de la stratégie offshoring du Maroc, la place de Casablanca et de Rabat s'accapare plus de 90% du temps et des slides power point”, appuie un opérateur marocain ayant assisté à une présentation de Med Z. Tétouan Shore, l'outsider En outre, la filiale de la CDG a une autre bataille à livrer. Selon des sources proches de la caisse de dépôt et de gestion, le projet de Tétouanshore, échapperait à Med Zed. TMSA (Agence Spéciale de Tanger Méditerranée) se charge de se projet. L'agence a d'ailleurs mandaté le cabinet AT Kearney pour lui présenter une étude de positionnement et de faisabilité de Tétouanshore. L'agence ne s'est pas contentée de cela. Elle a débauché l'un des cadres de Casanearshore pour lui accorder le poste de directeur général de la future plate-forme de Tétouan. “Tout dépendra du positionnement du site et de sa date de lancement car, de toutes les manières, la plate-forme de Tétouan installera une concurrence dans le domaine, mais toujours dans le giron de la CDG”, s'aventure un proche du dossier. En effet, si les jeux de l'offshoring sont de plus en plus clairs, un grand flou persiste sur le mode opérationnel que choisira la CDG. Pour certains, il est logique d'accorder la gestion de la plate-forme du nord à Med Z parce qu'elle a acquis une certaine expérience dans le domaine. Pour d'autres, la concurrence serait la bienvenue dans le domaine de la gestion des plates-formes dédiées. “En tout cas, il faut éviter les erreurs, de paramétrage notamment, dans la gestion des nouveaux sites”, met en garde un opérateur de la place. Pour ce dernier, la première tranche de Casanearshore paie justement le prix de ce paramétrage et l'équipe de Casanearshore également. Mohamed Yazidy