J'ai constaté tout au long de ma pratique de la psychiatrie, qu'il y avait un grand besoin en information sur la schizophrénie. On peut se renseigner sur la maladie sur Internet, mais on n'y trouvera pas grand-chose sur le Maroc». Le constat du Dr. Bouchaïb Karoumi s'est transformé en projet, puis en un ouvrage de référence, le premier du genre, intitulé «Les schizophrénies au Maroc». Le psychiatre, ayant ccumulé une vingtaine d'années d'expérience en psychiatrie, a publié son livre pour servir aux lecteurs ce qu'il appelle «l'information locale» sur cette maladie. «Mon choix s'est porté sur la schizophrénie parce qu'elle est très fréquente. Elle touche 1% de la population, surtout les plus jeunes en post-adolescence à 16 ou 17ans et parfois même avant », explique-t-il. Son choix est également légitimé par les fausses idées qui entourent cette maladie mentale : «En fait, elle est perçue au Maroc selon deux modes : traditionnel et moderne. Dans le premier, la maladie est liée aux croyances et aux pratiques magico- religieuses. La perception moderne est médicale, elle concerne la prise en charge de la maladie». Le livre du Dr. Bouchaïb Karoumi, édité par le ministère de la Culture, traite la maladie à tous les niveaux: médical, juridique, social. Une véritable mine d'or dont le but aussi est de «démystifier» une maladie qui n'a rien d'énigmatique. «C'est une maladie qu'on comprend mieux, qu'on traite efficacement et qui n'est pas, comme le croient certains, invalidante. La schizophrénie ne doit pas susciter la panique, faire croire que les personnes qui en sont atteintes sont toutes dangereuses», tient-il à souligner. Et d'ajouter la nécessité pour cette maladie d'être diagnostiquée à temps pour être bien traitée. «Si j'ai utilisé le pluriel à schizophrénie dans le titre de l'ouvrage, c'est bien pour montrer qu'il y a des variétés, que la maladie s'exprime en différents modes. Il est vrai qu'un seul mot désigne un tout, mais chaque type a ses propres mécanismes», affirme ce psychiatre. A peine quelques jours après la sortie du livre (150 pages), ce dernier a suscité un très bon feed-back. «Des parents, des patients et des confrères au Maroc et à l'étranger m'ont appelé pour me féliciter. Ce livre m'a coûté un an et demi de travail et de gros efforts». Toutefois, Dr. Bouchaïb Karoumi est prêt à renouveler l'expérience. Projets Vulgarisation en perspective Après la schizophrénie, Dr. Bouchaïb Karoumi s'intéresse à d'autres maladies mentales. Il compte vulgariser leur compréhension auprès du large public afin de corriger de fausses idées et d'apporter des informations scientifiques fiables. Le psychiatre ne cache pas non plus son grand intérêt pour les phénomènes de société liés aux comportements psychiatriques. Bref, Dr. Bouchaïb Karoumi est devenu un mordu de l'écriture et pour cela, il se montre prêt à relever le défi. Le peu de moyens ne l'effraie pas pour autant. «J'ai été déçu lorsque j'ai constaté qu'aucun éditeur ne s'intéressait au sujet de la schizophrénie. Fort heureusement, auprès du ministère de la Culture j'ai trouvé un grand appui. C'est ce département qui a édité le livre et assuré sa couverture».