Les volontés de collaboration en vue de promouvoir l'offre exportable de notre pays sont là et le ministère du Commerce extérieur ne lésine pas sur les moyens. «Ce qu'il faut savoir, c'est que le budget alloué aux actions de promotion des exportations est passé de 85 millions de dirhams il y trois ans à quelque 450 millions cette année», lance Abdellatif Maâzouz, ministre du Commerce extérieur, à l'occasion de l'ouverture des travaux de la Caravane nationale de l'export qui a fait escale hier à Fès. Reste à savoir si les opérateurs de la capitale spirituelle vont s'aligner sur leurs homologues des autres régions pour en bénéficier. Au vu de la représentativité des secteurs à cette caravane, principalement l'agroalimentaire, le textile et le cuir ou encore l'artisanat qui font de la région l'une des plus riches et compétitives au niveau national, il semble qu'il n'y ait pas un grand intérêt. En atteste également la faible assistance qui ne reflète d'ailleurs aucunement les potentialités dont regorge cette région. Renouer avec les réalisations des années 1970 où la capitale spirituelle s'adjugeait alors la deuxième place à l'échelle nationale en tant qu'exportateur, semble être un défi aujourd'hui. Les entrepreneurs fassis sont-ils capables de le relever ? Les 110 entreprises locales tournées à l'export fortement présentes notamment dans les secteurs de l'agro-industrie et le textile et habillement montrent clairement que la culture de l'espoir et la volonté ferme d'aller à la conquête des marchés étrangers sont ancrées dans les esprits. Mais ce chiffre reste en deçà des attentes. «Nous comptons porter ce nombre de 110 à un niveau plus élevé dépassant les 150 entreprises dans les deux années à venir», affirme Maâzouz. L'objectif est réel, mais les handicaps ne manquent pas. Selon un opérateur de la place, la région affiche un besoin pressant d'être reliée à un port. Mieux encore, la nécessité de créer une zone franche est des plus insistantes. Le budget alloué aux actions de promotion des exportations est passé de 85 millions de dirhams il y trois ans à quelque 450 millions cette année . D'autant plus que ces infrastructures exerceront un impact positif aussi bien sur les délais de livraison, réel talon d'Achille, que sur les coûts. A part la logistique, un entrepreneur appelle le ministère à lancer la création d'un fonds de soutien à l'export. Le problème de la non-récupération de la TVA se pose lui aussi avec acuité. Un patron d'une entreprise exportatrice opérant dans l'agroalimentaire (filière animale) avance un retard dépassant les deux ans. Tout cela sans parler de l'infrastructure routière qui, selon le représentant du Centre des jeunes dirigeants (CJD) à Fès, ne permet pas de supporter la largeur des conteneurs. Cet obstacle se trouve accentué par la problématique épineuse de l'approvisionnement où l'anarchie règne. Il faut penser à créer des centrales d'achat pour les matières premières de manière à mieux contrôler l'amont de la chaîne, propose la représentante du CJD. Sur ce chapitre, un intervenant rappelle l'inexistence d'une station d'emballage des cerises à Sefrou, région productrice par excellence. La liste des handicaps n'en finit pas de s'allonger. Les opérateurs de la région déplorent aussi le resserrement de l'accès au crédit. En dépit de toutes ces difficultés, il faut garder espoir. A la clef, la création d'un parc industriel (P2I) à Ras El Ma est prévue sur une superficie de 600 hectares, selon le directeur du Centre régional d'investissement de la région Fès-Boulemane. Trois consortiums d'exportation sont également en phase de création, ajoute le président de l'Association marocaine de l'export ASMEX. Pour mieux évaluer les réalisations de cette Caravane de l'export, une cellule locale de suivi a été créée. Elle est composée du président de la Chambre de commerce et d'industrie de la province, du président de l'Association des exportateurs, du directeur du CRI et d'un membre de l'AMITH.