Les férus d'Al Botola ont été bien déçus dimanche dernier de n'avoir pu suivre que sur ondes (merci Radio Mars) la prestation de la sélection marocaine des locaux face à son homologue tunisienne à Sousse. La non-retransmission du match Tunisie-Maroc comptant pour la qualification à la CHAN 2010 n'avait pour réelle raison, vous vous en doutez, que le côté pécuniaire. Trop coûteux pour et la SNRT et la Fédération, nos locaux ont été donc priés de se faire voir bien ailleurs, sur une seule chaîne hertzienne tunisienne. Les droits de TV pour les compétitions africaines sont actuellement détenus, en ce qui nous concerne (Afrique du Nord et Moyen-Orient), par Sport Five une société naguère dirigée par Jean-Claude Darmon léguée en 2006 pour la modique somme de 865 millions d'euros à Arnaud Lagardère et à la chaîne saoudienne privée ART Network qui, par de voie de conséquences les a cédés à son acquéreuse qatarie Al Jazeera. Se partagent le reste du Continent des opérateurs privés sud-africains tels M.NET, South African Broadcasting Company, britannique, BBC Sport, ou encore français à Orange et bien d'autres encore. La culture du sport-business dans l'espace audio-visuel marocain est loin d'avoir conquis les mentalités, aussi on ne comprend pas que le privé vient à l'investir. Il y avait un marché à prendre, le self-made-man français Jean-Claude Darmon, alias «le grand argentier du football» et son ami Issa Hayatou président de la Confédération africaine de football, l'avaient compris et en 1992 ils ont vite fait de l'initier. Depuis, il a fait des petits et l'espace audio-visuel africain est devenu si prisé qu'aujourd'hui les magnats de l'image se disputent à coup de millions la moindre part de marché et c'est d'autant plus vrai en ces temps de «Mundial in Africa». Dans cette histoire de fric à tout prix , le grand perdant n'est autre que le téléspectateur africain qui, accoutumé à recevoir des images gratuites, ne comprend plus qu'il doive les payer au prix fort au risque d'en être sevré. La part de responsabilité en revient évidemment, en premier lieu, aux chaînes de télévisions pour la plupart publiques et habituées à recevoir des programmes gratuits provenant de pays européens, d'Amérique latine, (brésiliens, argentins, etc. ) dans le cadre de la promotion de leurs sports, tennis, rugby, football, etc. A titre d'exemple, Arryadia transmettait le premier tour de Roland Garros (Tsonga vs…) pendant que les amateurs de la zapette s'évertuaient à chercher sur quelle boîte à images maghrébine pouvaient bien s'exhiber nos nationaux de Lions et quel en était le résultat. Au score, l'histoire de surenchère de droits de télévision l'emportait largement. A moindre échelle et toujours à propos de ces sacrés droits, la Fédération annonçait, ironie du sort, à qui voulait l'entendre, le lancement d'un appel d'offres international pour la vente des droits TV portant sur les compétitions nationales et internationales pour les quatre prochaines saisons (2010-2014). Selon le communiqué de la FRMF, sept lots étaient mis à concurrence, Championnat d'Elite marocains (Botola 1 et Botola 2 ou GNFE), Coupe du Trône, rencontres des équipes nationales A et des locaux, celles des équipes nationales olympiques, espoirs, celles des moins de 19 ans et des moins de 17 ans ainsi que les rencontres des équipes des catégories jeunes, dont la FRMF détient les droits. Rancuniers, on applaudit vivement cette initiative, d'autant plus que la SNRT (Radiotélévision marocaine) qui dispose actuellement de l'ensemble des droits TV, n'a pas, au regard, pardon aux yeux des milliers de fans marocains, rempli son rôle en ne négociant pas la prestation des locaux marocains à Tunis à sa juste valeur. Pire, elle n'a même pas esquissé la moindre excuse cathodique, aux téléspectateurs marocains pour ce manquement. Limités par leur maigre budget, les responsables de la SNRT estiment hors de portée l'acquisition des droits de la CHAN. Les patrons n'intègrent pas dans ces conditions le fait de payer, seul le gratuit compte. Aussi et comme un peu partout en Afrique et vu le côté tabou de la chose, on laissera donc, la chaude patate aux gouvernements afin de négocier et de trouver un accord, souvent en vain, comme le témoignent les récentes compétitions footballistiques passées, CAN-Angola 2010 et à venir Mondial d'Afrique du Sud dans quelques jours. En attendant c'est le téléspectateur qui trinque et de se demander qui retransmettra cette dernière manifestation.