Les résultats semestriels du groupe Accor présentés cette semaine font état d'une baisse du résultat d'exploitation de 6,4 % à 198 millions d'euros. Malgré la hausse du chiffre d'affaires de 1,8 %, représentant 2,69 milliards d'euros, boosté par la hausse de l'activité touristique européenne de 5 % durant la même période, le bénéfice n'a pas été au rendez-vous en ce premier semestre de 2013. Résultat : le cours de la valeur Accor a chuté d'environ 5 % le jour de l'annonce des résultats, avant d'augmenter de 2,58 % le 29 août. Un climat d'incertitude a régné chez les investisseurs et les financiers de la place parisienne surles perspectives financières du groupe, surtout face au mutisme du nouveau PDG Sébastien Bazin concernant les détails et les contours du plan stratégique du groupe. Suspense autour du plan stratégique Rien n'a filtré sur une éventuelle réorientation du plan de transformation d'Accor qui vise 80% de chambres en franchise ou sous gestion d'ici fin 2016. L'objectif derrière ce plan est de réduire l'endettement. « La prévision d'Accor se situe dans le bas de la fourchette du consensus et il reste quelques questions en suspens concernant le plan stratégique du groupe », déclarent les analystes de Société Générale dans une note. Malgré le bon avancement du plan d'économies lancé par le groupe qui a réduit l'endettement du groupe, plusieurs questions restent sans réponse, notamment les visées du nouveau PDG qui devra se recentrer davantage sur la gestion et se séparer des murs. Impact de la nouvelle stratégie sur la relation entre Accor et Risma Cette nouvelle stratégie impactera certainement la relation entre le fonds Risma et le groupe hôtelier français, puisqu'il est actionnaire à hauteur de 33 % de Risma. « Le modèle suivi par Accor au Maroc est différent de ce qui se passe en France par exemple. Le groupe a déjà pu séparer les deux activités (gestion et propriété). En France, Accor est propriétaire à 100 % des hôtels, alors qu'au Maroc c'est Risma, qui est le propriétaire », nous lance une source bien informée au sein du groupe qui dément toutefois qu'un éventuel retrait d'Accor de Risma serait à l'étude ou même envisageable. Un retrait qui, pourtant, serait en ligne avec les nouvelles ambitions et la stratégie du nouveau management de la maison mère, dictées en partie par l'actionnaire Colony Capital. Ce dernier a été clair et compte accélérer ce retrait de la construction et de la propriété des murs pour se concentrer davantage sur le métier de base du groupe, à savoir la gestion hôtelière. Un modèle qui a d'ailleurs donné ses fruits pour de nombreux grands groupes hôteliers mondiaux. Nomination de Sébastien Bazin, nouveau PDG d'Accor Pour concrétiser cette nouvelle stratégie sur le terrain, le conseil d'administration d'Accor, réuni le 27 août dernier, sous la présidence de Philippe Citerne, a décidé de nommer Sébastien Bazin en tant que président-directeur général d'Accor. Gérard Pélisson et Paul Dubrule, co-fondateurs de Accor ont déclaré à cette occasion, « Nous avons exprimé en conseil notre soutien à cette nomination. Nous connaissons Sébastien depuis plus de 10 ans. Il a démontré son attachement à ce groupe que nous avons fondé il y a plus de 40 ans et à ses valeurs. Nous sommes convaincus qu'il saura imprimer le nouvel élan dont Accor a besoin pour continuer à se développer dans la durée ». Pour sa part, Sébastien Bazin a déclaré, « je m'investis dans ce nouveau rôle avec une grande ambition pour ce groupe auquel je suis profondément attaché et j'ai une pleine conscience des enjeux auxquels il est aujourd'hui confronté. Je souhaite qu'il retrouve l'audace, le dynamisme et l'envie qui l'ont toujours porté». Bazin, l'homme des changements stratégiques Pour rappel, Bazin a rejoint Colony Capital en 1997 avec une feuille de route entrepreneuriale : installer et développer depuis Paris, l'antenne européenne de cette société d'investissement privée créée en 1991 à Los Angeles par Tom Barrack. En 15 ans, il impose avec succès Colony Capital parmi les leaders du secteur en Europe avec plus de 7 milliards d'euros sous gestion pour le compte d'investisseurs français et internationaux de renom. Chez Colony Capital, il pilote et participe à de nombreux investissements dans le domaine de l'hôtellerie dont l'acquisition des chaînes d'hôtellerie de luxe Fairmount et Raffles, à l'acquisition et la gestion de parcs d'actifs hôteliers auprès de La Générale des Eaux, du Club Méditerranée et d'Accor, la prise de participation dans le groupe Lucien Barrière et l'investissement dans Accor. Autant d'opérations qui font du nouveau homme fort d'Accor un expert dans la gestion hôtelière. Pour le marché marocain, Bazin aura la lourde tâche de faire perdurer l'engagement d'Accor avec Risma ou au contraire de décider d'un divorce entre les 2 entités. L'avenir nous le dira.