Le quartier de Sidi Moumen est de nouveau au cœur de l'actualité. Après avoir été exposé dans le film de Nabil Ayouch, « Les chevaux de Dieu », le quartier verra prochainement la création d'un Centre culturel et artistique. A l'origine de ce projet, la Fondation Ali Zaoua. Pour financer ce projet, Le réalisateur Nabil Ayouch et l'artiste-peintre et écrivain Mahi Binebine, ont lancé une grande vente aux enchères d'environ une cinquantaine d'œuvres d'arts fournis par de grands artistes marocains. Les premiers jalons ont en fait été lancés le 16 mai dernier, une date symbolique qui a marqué le deuxième anniversaire des attentats qui ont touché la ville de Casablanca. Cette date a marqué aussi le début de la collecte de fonds, à travers la vente aux enchères. Les deux artistes militants ont ainsi pu récolter 2 millions de dirhams, une somme importante à laquelle il ne s'attendaient pas, mais qui reste malgré tout insuffisante pour bâtir un centre. Des contributions venues de toutes parts Les deux artistes avaient contacté les plus grands artistes contemporains marocains, qui ont tout de suite accepté de donner une ou plusieurs œuvres pour la réalisation d'un centre. Certains ont même proposé de donner de leur temps pour animer des ateliers qui seront disponibles au sein du centre culturel. 41 artistes peintres, sculpteurs, photographes et des collectionneurs privés ont témoigné de leur générosité en offrant des pièces d'art de valeur. 66 œuvres ont par la suite été vendues aux enchères par la maison CMOOA (Compagnie marocaine des oeuvres et objets d'art). Le budget nécessaire se situerait entre 4 et 5 millions de dirhams. Néanmoins, conscient que la culture et les arts jouent un rôle important pour créer un équilibre au sein de Sidi Moumen et reconsidérer ce quartier qui garde, malgré lui, le souvenir des attentats terroristes du 16 mai 2003, les autorités locales n'hésitent plus à accompagner de telles initiatives. Elles se disent intéressées par le projet et ont proposé d'examiner la possibilité de mettre à disposition un local déjà existant mais peu utilisé. Les discussions sont en cours. En cas de feu vert, la fondation Ali Zaoua, qui a commencé à chercher des bénévoles et un animateur, pourrait organiser des ateliers pour les jeunes et des expositions d'œuvres et de travaux des habitants du quartier. En ayant accès à une culture de proximité, la jeunesse de Sidi Moumen pourra s'exprimer sur son quotidien, ses soucis et surtout exposer ses problèmes. elle se soulagera des pressions et des jugements de valeur qui pèsent sur elle. Un centre ouvert à tous Le nouveau centre culturel de Sidi Moumen sera donc un lieu de rencontre, qui mettra l'accent sur la formation, à travers des cours de musique, de danse, de chant, de théâtre, de cinéma, de photo, de peinture, de sculpture, et des master class. On y réservera également des espaces d'exposition pour les jeunes talents. Il inclura une galerie d'art, une salle de cinéma, un théâtre polyvalent et une médiathèque. L'accès au centre sera libre. Cependant, pour bénéficier des cours et des activités sous l'encadrement de professionnels, on devra payer des prix modestes. Le centre culturel de Sidi Moumen permettra ainsi au quartier de se reconnecter au reste de la ville, et aux nombreux talents qui y vivent de s'exprimer.