Vous êtes ici : Actualités / A La Une / L'erreur internationale en Egypte En choisissant délibérément de jouer sur les mots et de se satisfaire du changement non démocratique à la tête de l'Egypte, en entérinant le coup d'Etat militaire et en se rendant au Caire, les représentants de la Communauté internationale ont peut-être voulu aller vite et éviter au pays de sombrer dans le chaos en mettant les électeurs face à la réalité, fut-elle l'expression d'une injustice inacceptable sur n'importe quel autre point du globe. Le massacre qui s'est produit, même si les chiffres sont contradictoires, est le résultat du blanc seing accordé par les tuteurs du pouvoir militaire. Alors que les éléments en faveur d'un putsch préparé dans l'ombre depuis bien longtemps transparaissent au compte-gouttes, l'enlèvement du président élu, les procès bidon et l'interdiction de l'accès aux sites visés par l'armée font partie du vocabulaire de base des putschistes de toutes les dictatures du monde à travers l'histoire. Ne pas condamner les exactions du général putschiste Al Sissi, qui n'hésite pas à montrer sa détermination et son mépris des règles de base de la démocratie, c'est accepter que la violence soit érigée en acteur de la politique, que l'injustice prévale au nom d'intérêts confus et reconnaître que la complicité des puissances étrangères n'hésite pas à bafouer la volonté populaire, dans l'espoir de faire barrage aux islamistes et à quiconque susceptible de remettre en cause les intérêts des grandes puissances. Dans cette configuration quelque chose a pourtant changé. La peur a disparu et les plus faibles n'hésitent plus à mettre les plus puissants devant leurs responsabilités et leurs manquements. Ce qui se passe au Caire, quelle qu'en soit l'issue, restera gravé dans l'inconscient collectif comme l'illustration du «deux poids, deux mesures», qui ne conduit qu'à la radicalisation et au repli sur soi. Comment en effet défendre les principes de la démocratie érigés en valeurs universelles quand le monde se contente de condamner mollement ceux qui les mettent à mal ? Même lorsque les armes auront réussi à imposer le silence et l'ordre apparent, les bases de la société sont en train d'être rongées et l'avenir seul nous dira la gravité de ce que cela engendrera pour l'Egypte mais aussi pour tous les pays de la région engagés dans un processus démocratique, désormais pris en otage.