Vous êtes ici : Actualités / A La Une / Tunisie : on attend beaucoup des jeunes La vague de protestation qui a sévi récemment en Tunisie pour dénoncer l'assassinat du leader de l'opposition Mohamed Brahmi et pour demander la dissolution du gouvernement montre que la rue tunisienne n'est pas indifférente à la politique. Il est donc très important de rappeler aux Tunisiens qu'ils ont la possibilité de participer à l'élaboration de la constitution. L'appel au dialogue national du président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC), Mustapha Ben Jaafar, indique qu'il est temps de renforcer les débats autour du projet de constitution pour que le nouveau texte soit celui de tous les Tunisiens.Depuis deux ans, les citoyens sont appelés à donner leurs avis sur le projet de la Constitution, grâce à des consultations nationales et régionales lancées par des ONG et aussi par l'ANC – qui a pour fonction de rédiger la constitution.. Mais un grand nombre de personnes – dont beaucoup de jeunes – hésitent à participer à ce processus de transition, par manque de confiance ou d'intérêt ou par manque de communication de l'information. Avec 40% seulement des Tunisiens qui ont voté, l'ANC n'est pas représentative de toute la population tunisienne. Le taux d'abstention a surtout touché la jeunesse, c'est-à-dire les électeurs entre 18 et 35 ans. Or il est important que tous les Tunisiens participent à l'élaboration de la constitution du pays. L'esquisse du projet de constitution en est à sa quatrième version, pour tenir compte des recommandations et des propositions de la société et des citoyens. Les représentants de l'ANC ont rencontré plus de 5000 citoyens dans les 24 gouvernorats du pays ainsi qu'à l'étranger, afin d'écouter les propositions et les critiques concernant les différents chapitres et les articles du projet. Parmi les plus importantes recommandations retenues figurent : la consécration de l'universalité des Droits de l'Homme, la reconnaissance du caractère civil de l'Etat, la liberté de conscience et les droits des handicapés dans la Constitution. Par ailleurs, plusieurs associations tunisiennes ont lancé des actions ciblant des catégories particulières de citoyens – qui autrement auraient été négligées – dans le but d'avoir leur avis et de transmettre leurs remarques à l'ANC. Un exemple de l'impact de ces activités citoyennes concerne l'article 8 selon lequel : « Les jeunes sont une force vive dans la construction de la nation. L'Etat œuvre à ce que les conditions favorables à l'expression de leurs capacités et à leur prise des responsabilités soient réunies et à élargir et à généraliser la participation des jeunes dans le développement social, économique, culturel et politique. » Cependant, les jeunes ne se sont pas beaucoup impliqués dans le processus de l'élaboration de la constitution : soit parce qu'ils accordaient peu d'importance à cet exercice, qu'ils jugent insuffisant pour les protéger, soit parce qu'ils ne savaient pas qu'ils pouvaient le faire. Mais la redéfinition de la conception de l'Etat et du contrat social qui le lie au citoyen tunisien exige une nouvelle constitution assurant une séparation claire des pouvoirs exécutifs, législatif et judiciaire, et la protection des droits de tous les citoyens. La participation aux consultations est nécessaire pour établir ce nouveau contrat social. Elle représente aussi un moyen constructif pour la jeunesse de se faire entendre. Il est de notre devoir de suivre l'écriture du contenu de la Constitution article par article, mot par mot car chaque article de la constitution a, une valeur supérieure à toutes les lois et les codes législatifs. Cette constitution sera écrite pour nous certes mais restera valable pour les générations futures, c'est pourquoi chaque citoyen est en mesure de contribuer à la protection de ses droits mais aussi des droits des générations à venir. La participation citoyenne à la rédaction de la constitution permet un contrôle direct du contenu même de ce texte : chacun peut mettre sa touche et sentir qu'il répond à sa volonté individuelle en plus de la volonté collective. La participation citoyenne dans cette phase de transition démocratique est primordiale car elle sera garante de la concrétisation des revendications légitimes qui ont été portées et lancées lors des soulèvements populaires, elle permet d'exprimer les points de vue et revendiquer le droit d'influer sur les affaires publiques. L'exclusion des Tunisiens a longtemps opéré dans la vie politique et dans la prise de décision politique c'est le moment d'interagir, cette Constitution est la nôtre et personne n'est mieux placé que nous tous pour juger son contenu. Héla Boujneh Membre du Conseil des Jeunes Leaders de Sousse et activiste de la société civile.