Vous êtes ici : Actualités / Actualités / Maroc / Le RNI ne veut pas être le bouc émissaire de la crise Le RNI semble apparaître comme le candidat idéal aux yeux de Benkirane et de ses compagnons, en effet ce parti est habitué aux arcanes du pouvoir et « diriger » ferait presque partie de son « ADN » politique. Cependant, au RNI le discours officiel est bien rodé et chaque dirigeant du parti de la colombe rétorque que « la crise gouvernementale ne concerne ni de près ni de loin le RNI, et que le problème résiderait entre les composantes du gouvernement ». Selon Yassine El Bahlouli, membre du Conseil national du RNI et l'une des figures les plus en vue de la jeunesse du parti : « le RNI dispose de ses propres institutions et le cinquième Congrès national du parti a donné des prérogatives très importantes au Conseil national qui est notre parlement interne et par conséquent le Conseil national du RNI est la seule et unique instance qui a le droit de débattre, d'accepter ou de refuser une éventuelle entrée au gouvernement ». Démocratie interne oblige… En effet, les statuts juridiques internes du RNI stipulent que le Conseil National est l'unique organe apte à prendre une telle décision et Salaheddine Mezouar n'aura d'autres choix que de rassembler son Conseil national pour décider du sort de son parti, une avancée unique en terme de démocratie interne pour un parti très longtemps qualifié de « parti de l'administration ». Sur les réseaux sociaux, les militants du RNI répètent que leur parti ne peut être considéré comme une vulgaire « roue de secours » et il se murmure qu'une entrée du RNI au gouvernement ne se ferait que sur la base d'une renégociation du programme gouvernemental ainsi qu'une redistribution des portefeuilles ministériels. Mezouar et ses troupes auraient des reproches à faire à Benkirane quant à l'architecture même du gouvernement. Quelques fusions entre certains départements ministériels seraient envisagées afin d'améliorer l'efficacité du gouvernement. Mais certaines voix au sein du RNI commencent à se faire entendre et montrent leurs réticences face à une nouvelle expérience gouvernementale. Vieille garde Vs jeunes cadres Sur sa page Facebook, Reda El Ourouba, membre du Conseil national du RNI et figure pionnière des médias sociaux marocains, déclare : « La politique que nous aimons est la politique des principes intangibles qui ne changent pas au gré des vents et des opportunités de carrière ». Un début de fronde semble se dessiner dans les rangs du RNI. El Bahlouli, véritable chef de fil des jeunes cadres du RNI déclare : « la majorité des jeunes cadres RNIstes qui sont impliqués dans la restructuration du parti, sa réorganisation la création des instances parallèles, sont contre l'idée de se jeter entre les bras d'un parti sans avoir des programmes ou des idées en commun. En tant que jeunes cadres du RNI nous n'acceptons pas de rentrer pour combler un vide qui a été laissé par le PI afin d'appliquer un programme gouvernemental qui a été critiqué et rejeté jusqu'à aujourd'hui par notre parti, et un budget de 2013 contre lequel nous avons voté. Nous ne voulons pas être le bouc émissaire de cette crise ». Cette position est significative d'un conflit interne qui opposerait la « vieille garde » du RNI, désireuse de retourner au gouvernement, et les jeunes cadres dont la priorité est la restructuration du parti et le lancement notamment de la Chabiba. El Bahlouli s'insurge : « Il ne faut surtout pas arrêter le processus de création des instances parallèles parce que la seule excuse qu'on avait au sein de notre parti était qu'on était toujours au gouvernement et donc occupés par les grands sujets de la Nation et que nous n'avons jamais eu le temps de créer ce type d'instances ». La jeune garde du RNI ne semble donc pas intéressée par une entrée au gouvernement et souligne son attachement au processus de restructuration interne. Pas sûr que les nombreux notables qui composent le parti de la colombe soient du même avis. Les divisions internes au sein du RNI risquent fortement d'affaiblir le parti à la veille des négociations qui s'ouvriront avec Abdelilah Benkirane. Le parti de Mezouar vit cependant un moment fort de démocratie interne où les avis s'opposent, et il est bien utile de rappeler que tout se construit dans le débat contradictoire et l'opposition d'idées.