Vous êtes ici : Actualités / Edito / Malala Yousafzai, une icône éphémère Qui connaissait Malala Yousafzai il y a à peine quelques mois ? Jeune fille pakistanaise, prise pour cible par un taliban, elle est devenue un symbole, au point de faire, à 15 ans, un discours aux Nations-Unies. Nul doute que son histoire sera reprise par un réalisateur talentueux qui en fera un succès commercial au cinéma. En réalité, il faut discerner deux choses. L'agression d'une jeune personne, quel que soit le motif invoqué, et l'exploitation de cette agression qui tend à se substituer à une politique réelle face aux conditions qui ont mené à cette situation. Hélas dans notre société du spectacle, nous sommes devenus coutumiers du fait et ruons dans les brancards de scénarios qui nous rassurent. Voilà qu'elle est citée partout et que l'on parle même d'une nomination au prix Nobel de la Paix… Oui Malala Yousafzai a été sauvée, mais quid des milliers d'autres enfants livrés à la violence du monde, assassinés avec des balles vendues au prix fort par ces pays mêmes qui nous font la leçon et la morale du haut des tribunes des institutions internationales ? Nous ne sommes pas dans un monde fictif. Les vies qui sont sacrifiées, en particulier celles des civils et parmi eux des enfants, sont un problème qui ne résout pas par la « happy-end » d'un cas isolé. Nous pourrions nous ébaubir de ce miracle et repartir vers d'autres actualités, la conscience apaisée et toute cette mise en scène aura atteint son objectif. Qui se souvient de Sharbat Gula, cette jeune femme afghane au regard vert perçant qui avait fait la couverture de National Geographic en juin 1985 sous l'objectif de Steve McCurry. Elle avait alors 13 ans. Suite à sa médiatisation, la National Geographic Society a créé un fonds pour aider à l'éducation des jeunes filles afghanes.. dont elle n'a jamais bénéficié personnellement. Trouver une icône, comme on lancerait une marque, pour canaliser l'émotion de l'opinion publique relève davantage du cynisme que de l'humanité. Prions pour que Malala Yousafzai ne soit pas broyée par cette machine qui ne court qu'après l'audience et le consensus, mou de préférence.