Vous êtes ici : Actualités / Economie / Le CMC se convertit à la politique Son discours à fort contenu politique laisse entendre que l'Observatoire indépendant de l'économie marocaine a pris un virage décisif au delà de sa mission initiale à savoir l'analyse et la prévision économique. Animant, mercredi à Casablanca, le point de presse annuel du centre qu'il dirige, Habib El Malki a laissé l'assistance sur sa faim en termes d'indicateurs macroéconomiques pour ne citer que les déficits budgétaire et extérieur; sachant que «les perspectives de croissance de l'économie marocaine» a été le thème choisi. Certes l'économique et le politique sont les deux revers d'une même médaille, n'empêche que les messages du «vieux député socialiste» sont saupoudrés d'un référentiel idéologique. «On n' a pas une culture de réformes économiques», lance-t-il. Plus encore, il attribue les contreperformances de l'économie nationale à un certain «blocage» dont il ne cite pas les vrais initiateurs. À ses yeux, les grands chantiers de réformes attendues à l'exemple de la caisse de compensation ou encore des systèmes de retraite sont dans l'impasse. Eu égard à l'impossibilité d'agir dans une telle situation, il pense que le blocage en question nécessite une mûre et globale réflexion allant même jusqu'à remettre en cause l'institutionnalisation du pays. Il pense que le changement vers des réformes économiques d'envergure, à même de garantir une création des riches avec une redistribution équitable passe par l'instauration d'«un pays d'institutions». Interrogé sur sa conception de ce terme fourretout, il soulève le problème d'efficience de la gouvernance. Cherchant à esquiver les vraies raisons à l'origine du processus défaillant de l'institutionnalisation, il rassure que «nous sommes au début de quelque chose»! Institutionnalisation ou destitutionnalisation, El Malki rappelle que l'économique au Maroc demeure toujours «sous la tutelle du politique» contrairement à la tendance observée au niveau des économies développées. Selon ses convictions, les temps politique et économique sont dans un déphasage marqué mettant à mal la productivité et la compétitivité de l'économie nationale. Au point que le Maroc est resté jusqu'à aujourd'hui «victime de ces atouts». «Une croissance sans emploi» L'économiste croit considérablement au potentiel économique du pays et ses capacités de développement. Sauf que la volonté politique, l'élite économique ou encore une fois les institutions laissent à désirer. Face à ce constat qui donne froid dans le dos, comment pourrait-on espérer la mise en place, un de ces jours d'un nouveau modèle économique auquel ne cesse d'appeler haut et fort le président du CMC? Un modèle qui redonne confiance à l'industrie et la remet à sa juste valeur, sous-estimée aujourd'hui tantôt par le gouvernement tantôt par les hommes d'affaires. C'est la relance de ce processus d'industrialisation qui va permettre à la croissance de créer de la valeur ajoutée, explique El Malki, et par voie de conséquences, de booster l'emploi. À son avis, l'économie nationale porte un profil de «croissance sans emploi». Autrement dit, une croissance «irrégulière, instable voire imprévisible» pour reprendre ses propres termes. Le différentiel de croissance varie de 2 à 2,5 points d'une année à l'autre, alors qu'il ne dépasse pas un demi-point dans les pays développés et dans le meilleur des cas. Toujours sur le chapitre de l'emploi, et pour la première fois, le conjoncturiste oriente ses canons d'assaut vers le Haut commissariat au plan (HCP) en remettant en cause la fiabilité et la crédibilité des statistiques produites. Il cite, à titre d'illustration, le taux de chômage en milieu rural situé entre 3 et 4%, «un niveau considéré généralement par la plupart des analystes comme anormalement bas», a-t-il souligné. Ce qui ne manquerait pas d'influencer à la baisse le taux global et laisser «paraître quelque déphasage par rapport aux tendances de l'activité et aux cycles de production».