Vous êtes ici : Actualités / Actualités / Maroc / Penser le Maroc de demain Après avoir pensé « la démocratie post-20 février » en 2011 et débattu en 2012 de la « capacité du gouvernement à faire le développement », cette année l'université d'été de CAPDEMA (Cap Démocratie Maroc) a choisi de se pencher sur la nature des projets de société pour le Maroc. L'université d'été s'est tenue les 28, 29 et 30 juin, à la faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales de l'université Mohamed V à Rabat. Trois sous-thèmes ont été choisis pour débattre de cette question : la nation, la religion et les femmes. Une première journée a été consacrée à l'étude du nationalisme marocain. Samedi, le thème de la religion a été abordé à travers l'évolution de l'islamisme au Maroc ainsi que de la problématique de la sécularisation. Une troisième matinée a été consacrée à la question de la femme. Le religieux, une variable devenue « incontournable » ? « L'équation politique intègre désormais trois variables après avoir longtemps inclut le mouvement national d'un côté et l'institution monarchique de l'autre », analyse Mohamed Sassi, constitutionnaliste et membre du conseil national du PSU (Parti Socialiste Unifié) lors de son intervention dans le cadre de l'université d'été. « Aujourd'hui, l'équation politique inclut trois variables : l'institution monarchique, la mouvance islamiste, et les partis politiques », ajoute Sassi. Pour le constitutionnaliste Mohamed Sassi, pour qu'une variable soit incluse dans l'équation politique, il faut qu'elle devienne incontournable et indépendante des autres. « Le mouvement islamiste, qu'il soit radical ou modéré, a désormais une présence indéniable », affirme Mohamed Sassi. Lors de son intervention, Abdellah Tourabi, spécialiste des mouvements islamistes au Maroc et directeur de la rédaction de la revue Zamane, a retracé l'évolution du PJD de la radicalité à la participation à la gestion politique. « Le mouvement est passé par plusieurs étapes depuis sa création dans les années 1970 », explique-t-il. « C'est un mouvement qui a décidé, dans les années 1980, de rompre avec la clandestinité et de prendre contact avec l'Etat pour faciliter son intégration », ajoute Tourabi. Les tentatives d'intégration politique se font dans les années 1990, avant d'atteindre désormais l'étape de la participation à la gestion politique, une participation caractérisée par la « cohabitation » avec l'institution monarchique Selon Abdellah Tourabi, le parti se caractérise par le « principe de la progression », refusant tout changement radical et toute pensée révolutionnaire, demeurant ainsi un parti « réformiste ». « Cela explique d'ailleurs l'absence d'affrontement ou de confrontation avec l'institution monarchique dans la question de la demande de retrait du Parti de l'Istiqlal du gouvernement », explique Tourabi. « C'est dans l'ADN du parti », conclut-il. La question religieuse a également été abordée lors de la conférence portant sur le thème de la femme. Asmaa Lemrabet, directrice du Centre des études féminines en Islam au sein de la Rabita Mohammadia des ulémas du Maroc, est intervenue au sujet des fondements religieux de l'égalité homme-femme. L'évolution et les défis du féminisme marocain ont également été débattus dimanche, lors de la troisième journée consacrée au thème de la femme. En plus des conférences-débats, l'université d'été, ce sont également des ateliers animés par des politologues et chercheurs sur des thèmes tels que « la Darjia au Maroc », « l'avenir de la presse marocaine », ou encore « la laïcité au Maroc ». La troupe Théâtre Aquarium a par ailleurs animé samedi un atelier théâtre sur le thème « femmes et politique ».