Vous êtes ici : Actualités / Economie / L'ALE achoppe encore sur le volet services Un nouveau round de négociations en vue d'un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre le Maroc et l'Union européenne démarrera la semaine prochaine à Rabat. Il faut dire que les discussions ne semblent pas sur la même longueur d'onde au vu de la différence des priorités économiques et sociales des deux partenaires. Rupert Joy, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne au Maroc est on ne peut plus clair: «ce que nous négocions c'est un package composé de l'ensemble des domaines de coopération, mais du côté marocain, on traîne encore sur le volet des services», nous confie-t-il. Il n'est pourtant rien de plus vrai, ni de plus significatif que les pouvoirs de force et les armes de négociations ne sont pas les mêmes. Le Maroc, un refuge pour les investissements Le patronat marocain l'a annoncé expressément lors de l'époque de Mohamed Horani: le tissu entrepreneurial n'est pas encore en mesure d'affronter la concurrence farouche des Européens. La mise à niveau a pris plus de temps que prévu. Cela a poussé bon nombre d'entrepreneurs à critiquer ouvertement cette précipitation des autorités nationales. Il ne faut pas perdre de vue non plus une variable de taille à savoir le contexte économique très tendu contraignant notre partenaire à chercher au Maroc un refuge pour ses investissements. Plus encore, le cadre juridique est loin de protéger les investisseurs nationaux. La convergence juridique ne se fait pas du jour au lendemain pour ne citer que les engagements en matière de concurrence. «Certes l'ouverture en cours est sous exploitée. Toutefois, l'accès au marché européen n'est pas aussi simple. Un accord d'association n'implique pas automatiquement une hausse des exportations et des échanges commerciaux. Faut-il encore un cadre juridique et réglementaire adéquat. C'est là tout le défi pour le Maroc avec la convergence réglementaire et le rapprochement des législations requises », insiste l'ambassadeur. C'était vendredi dernier à Casablanca à l'occasion d'une rencontre sur « les activités de la Banque européenne d'investissement au Maroc », organisée par l'union des chambres de commerce et d'industrie européennes au Maroc (EuroCham). la préférence nationale, priorité de Benkirane Il est également un autre chapitre crucial et non des moindres, les marchés publics. Là encore, le gouvernement Benkirane qui a annoncé officiellement des négociations le 1er mars 2013 à Rabat se risque sur un terrain glissant. Celui qui a fait de ses priorités, la préférence nationale, avait promis de réserver des avantages aux PME nationales sans pour autant aller jusqu'au respect du seuil des 35 % proposé par la confédération patronale et encore moins pour les poids lourds. Pourtant le dispositif de libre échange prévoit de traiter les entreprises des deux négociateurs sur un même pied. Interrogé sur l'évolution des négociations et sur le renouvellement de l'accord de pêche Maroc-Union européenne, Rupert nous assure que cela tardera encore et pourrait prendre plusieurs mois.Il s'est toutefois retenu à fournir plus de détails sur les aspects freinant la conclusion de cet accord tant attendu par les Espagnols. Cependant il paraît clairement que, au delà des points purement techniques, la question des droits de l'Homme divise toujours les parties prenantes. Quoi que dernièrement le ministre Aziz Akhannouch, ministre de l' Agriculture et de la pêche maritime a changé de discours, véhiculant un message favorable saupoudré d'un optimisme prudent.