Le constat est alarmant. Les sorties illicites de capitaux à partir de l'Afrique du nord ont culminé 415,6 milliards de dollars, selon les chiffres disponibles pour la période 1980-2009. Selon un rapport présenté, mercredi à Marrakech et réalisé par la BAD et l'institution Global Financial Integrity, l'essentiel des transferts de capitaux à l'étranger émanent autant des fonds légaux que d'activités illégales (corruption, pots de vin, évasion fiscale, activités criminelles et contrebande). L'Afrique du Nord reste le fief par excellence de ces fuites. Sur la période 2000-2009, 83% des sorties de capitaux en provenance de l'Afrique sont issus de cette région ce qui représente 30,4 milliards de dollars. Pour le Maroc, le seul chiffre relaté porte sur l'année 2005 avance un total de 65,9 millions de dollars. La Lybie et l'Algérie détiennent la cote avec respectivement 222,8 et 173,7 millions de dollars. En revanche, les flux entrants de capitaux enregistrent une tendance à la hausse. D'après le rapport, les pays de l'Afrique du Nord sont les mieux lotis par rapport aux transferts nets en provenance de l'étranger. «L'Egypte, le Maroc, la Tunisie, le Kenya et le Ghana arrivent en pôle position des bénéficiaires des transferts nets sur la période 1980-2009», a-t-il été précisé lors du rendez-vous. Concernant notre pays, les transferts des capitaux des Marocains résidents à l'étranger et les flux des investissements directs étrangers constituent les principales sources financières. La question des transferts illicites comme le blanchiment d'argent n'a pas été abordée. Bon nombre d'experts avancent pourtant, officieusement, que le blanchiment d'argent a pris ces dernières années un envol spectaculaire, surtout l'argent de la drogue. La question qui se pose aujourd'hui : est-il possible d'éradiquer ce fléau ? Les différents experts présents recommandent de s'investir amplement sur un certain nombre de grands chantiers ayant trait à la transparence financière, à la réforme de la fiscalité et à l'aspect réglementaire. La Banque Centrale a déjà travaillé sur quelques dispositions qui vont dans ce sens et les dispositions internationales imposent plus de restrictions. Selon les dispositions de Bâle III, les banques et institutions financières sont obligées désormais de rendre compte de la situation de leurs clients. Bien que le dispositif prenne du retard pour sa mise en place en Afrique, l'organisation mondiale du commerce(OMC) appelle les banques qui adhèrent aux dispositifs internationaux à fournir « régulièrement à la banque des règlements internationaux(BRI), des données détaillées sur les dépôts par secteur, leur maturité, ainsi que le pays d'origine des déposants ». Pour Marc Auboin, conseiller économique à l'OMC, l'organisation s'attelle à mettre en place un dispositif sécuritaire, bien que les dispositions de Bâle III n'aillent pas dans ce sens. Le dispositif permettrait de fluidifier l'échange d'informations entre les différents acteurs du système bancaire international et de réduire in fine les coûts élevés pour l'accès à l'information. La mise en place de ces mesures devrait être accompagnée par des mesures de sanctions ainsi que par le renforcement de la gouvernance.