Miloudi a décidé de se présenter aux élections. Le hic, est qu'il ne veut pas de mandat. Il faut dire que le spectacle donné par les élus ne l'a jamais emballé. Après avoir fréquenté quelques politiciens professionnels, il s'est rendu compte que l'engagement était soluble dans les institutions représentatives. A la base, tout le monde est convaincu, mais à mesure que les choses s'organisent, il faut négocier, faire des compromis jusqu'au jour où l'on oublie le serment qui a poussé un type normal à défendre une cause normale. Miloudi, qui a une famille nombreuse qu'il adore, des amis sans lesquels sa vie n'aurait aucun sens, cherche donc un moyen d'être utile sans que sa probité soit émoussée, sans que ses convictions soient dévoyées. Après avoir fait le tour des partis politiques, où il a relevé pour chacun leurs contradictions et leur distance par rapport aux intérêts de ses semblables, il s'est arrêté sur deux pistes : la démocratie directe digitale où chacun pourrait se faire entendre par ses élus, grâce à tous les moyens technologiques disponibles, ou le monde associatif, proche d'un territoire, de gens réels et où la plus grande satisfaction est d'ordre moral avant tout. Depuis que ces deux options sont sur la table, notre Miloudi réfléchit à la plus opportune et la plus efficace. Mettant les deux dans la balance, il a constaté qu'elles se valaient autant l'une que l'autre. Elles étaient même complémentaires. Du coup, notre penseur du dimanche est retourné chez lui à Assa. Là-bas, à l'aide des petits plats de lhajja, et le temps qui prend son temps, il laissera murir sa réflexion avec la certitude que ce qui en sortira sera la bonne chose à défendre. D'ici là, la route est encore longue et le mouvement de la voiture le berçant, il s'est assoupi en chargeant ses neurones de veiller sur son nouveau projet.