SM le Roi félicite l'Emir de l'Etat du Koweït à l'occasion du deuxième anniversaire de son accession au pouvoir    En présence de Motsepe, Lekjaa et Bourita... Inauguration de la Fan Zone à Rabat en préparation de la CAN Maroc 2025    CAN 2025: Inauguration à Rabat de la Fan Zone AMCI dédiée aux étudiants et lauréats internationaux de la coopération    CAN Maroc-2025 : Achraf Hakimi rassure sur son état de santé, souligne que le Onze national est déterminé de garder le trophée à domicile    Aéroport Casablanca Mohammed V : immersion dans l'ambiance CAN dès l'atterrissage    CAN 2025 : Le Musée du Football Marocain lance un programme culturel inédit    Motsepe annonce un tournant majeur pour le football africain : création d'une Ligue des Nations africaine avec la FIFA et une CAN tous les quatre ans    Sur Hautes Instructions Royales, les Forces Armées Royales déploient trois hôpitaux militaires de campagne dans les zones montagneuses    Prévisions météorologiques pour samedi 20 décembre 2025    Province d'Al Haouz : une femme transférée en urgence par hélicoptère de la Gendarmerie Royale    Khénifra : 4.000 familles bénéficient de l'aide humanitaire de la Fondation Mohammed V pour la Solidarité face au froid    « Rabat Patrimoine » : La nouvelle application qui réinvente la découverte du patrimoine de la capitale    CAN 2025 : mise en place de bureaux judiciaires dans les stades    ITW Aujjar – Bonus 1 : « Le génie de Sa Majesté permet au Royaume de rayonner »    RNI : Aziz Akhannouch préside une réunion du bureau politique    Neige, fortes pluies et temps froid, de samedi à lundi, dans plusieurs provinces    La Fondation BMCI met la lumière sur la poterie de Safi    Musique, ferveur et cohésion : Timitar clôture son édition anniversaire    AFCON 2025 : Les portes du stade ouvriront à 14h pour le match d'ouverture Maroc-Comores    AFCON 2025 : Stadium gates to open at 2 p.m. for Morocco–Comoros opener    Challenges : le Maroc érige le sport en moteur de développement    Accord militaire Algérie-Tunisie : Kais Saied en colère après une fuite présumée du document    Accord militaire Algérie-Tunisie : un pas discret vers l'érosion de la souveraineté tunisienne    LGV : L'ONCF commande 8 lorrys automoteurs pour 54,48 MDH    Marruecos: Alerta naranja, nieve, lluvia y frío de viernes a lunes    Copa Árabe: Jamal Sellami hacia la ciudadanía jordana tras una final histórica    Maroc - Qatar : Abdelouafi Laftit rencontre son homologue à Doha    Le Ministère public insiste sur l'obligation de l'examen médical des détendus    Maroc : Rabat Patrimoine, l'application de visite audioguidée dans la capitale    CAN 2025 : French Montana et Davido en concert d'ouverture à la fan zone de Rabat    Le pianiste de renommée internationale Mahmoud El Moussaoui en récital exceptionnel à Rabat    Cinéma arabe : cinq films marocains consacrés parmi les 100 chefs-d'œuvre de tous les temps    Russie : Sergueï Lavrov défend un partenariat durable et respectueux avec l'Afrique    Soft power : Forbes Africa met en lumière les visages de l'influence du Royaume    Nucléaire. L'Ethiopie et la Russie signent un accord    ANCFCC. Des performances record en 2025    Réorganisation du CNP : Bras de fer entre majorité et opposition    Le Front Polisario et les vents qu'il a semés    Edito. Service client et dynamique continentale    Edito. Nouveau paradigme    Le Conseil de gouvernement adopte un projet de décret relatif au salaire minimum légal dans les activités agricoles et non agricoles    Etats-Unis : Trump annonce une prime de 1 776 dollars pour les militaires à l'occasion des 250 ans de l'indépendance    IPC en novembre: évolution par division de produits    « Elevate Your Business » : BANK OF AFRICA et Mastercard au cœur de l'écosystème entrepreneurial marocain    Fracture numérique : l'ADD envisage la création d'antennes régionales    Sahara, culture, sport : Les piliers du Maroc triomphant en 2025    Clinton a-t-il convié Epstein et Maxwell au mariage du roi Mohammed VI ?    Suprématie aérienne au Maghreb : Soukhoï Su-57, F-35,... au-delà des mythes ! [INTEGRAL]    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Serment prêté
Publié dans La Gazette du Maroc le 26 - 05 - 2003

Il faut d'abord se parler. Et s'entendre. Là commencent les malentendus. Se parler, ce n'est souvent qu'échanger des mots, ou plutôt des paroles, qui peuvent conduire à échanger des mots. Au grand jour si on le peut, ou à l'ombre, ni vu ni connu. Parfois, c'est parler chacun à son tour, ensemble mais pas en même temps, pour être précis. On appelle cela se parler, pourtant. Monologue à deux ou dialogue de sourds. Cela peut même ressembler à un dialogue de sourds-muets, au téléphone. Mobile comme le veut le progrès.
Quelqu'un qui profère solennellement des paroles devant une honorable assemblée prête serment peut-être. Prêter serment à plusieurs personnes paraît inconcevable alors que cela se fait couramment. C'est possible puisque les auditeurs l'acceptent. Outre que ce n'est littéralement qu'un prêt, comment font-ils pour se le partager? Il est sans doute plus correct de parler d'une prestation bien qu'il ne s'agisse ni d'un artiste ni d'un sportif. Celui qui prête serment est donc un prestataire, tout comme le prestataire de services. Avec cette différence que ce dernier est rémunéré, alors qu'on prête serment sans intérêt aucun. C'est quasiment de la philanthropie. Cependant, il n'est jamais fixé de date limite pour le retour du serment à son auteur. Curieusement, il ne le réclame jamais, et a même la hantise qu'on le lui rende.
Il ne peut le reprendre et évite même toute voie qui l'amènerait à le faire. Il prête donc serment sans intérêt et n'a pas intérêt à le rompre, puisqu'un serment ne se reprend pas mais se rompt. C'est grave, un serment rompu.
Qu'est-ce qui pousse l'individu à prêter serment, puisque personne ne peut affirmer qu'il est criblé de dettes, à force d'emprunter des serments, encore moins à des taux prohibitifs ou d'enfer. Personne non plus ne peut décrire un serment ni affirmer de quoi il est fait. Ce n'est en tout cas ni un billet de banque ni un objet précieux. Réflexion faite, ce ne sont que des paroles. Mais pas en l'air puisque leur auteur ne peut s'en délier. Malgré ce casse-tête, nombreux sont ceux qui font des pieds et des mains pour prêter serment.
C'est d'autant plus incompréhensible qu'on prête serment, sans préciser s'il s'agit d'un ou de plusieurs.
On peut s'avancer et affirmer qu'il n'a jamais existé ce dialogue : “ Venez demain prêter serment ”. “ Je regrette je n'en ai pas ”. Ce refus serait d'ailleurs le fait d'un pingre informé, qui saurait qu'un serment prêté n'est jamais récupéré. Autant donner sa parole. A ce propos ils sont légion ceux qui donnent leur parole, leurs amis, leur langue au chat, le change, la réplique, dans le panneau… La parole donnée est censée être d'honneur, à condition qu'elle soit écrite. Sinon, on sait que l'apostrophe ne s'entend pas. On entend dire cependant qu'une parole donnée peut se reprendre. Pourquoi la donner si elle peut être reprise ? Ce qui veut dire, du reste, qu'une parole peut être d'occasion. Il faut croire que les gens acceptent n'importe quoi, même une parole d'occasion.
Il est clair que celui qui donne souvent sa parole doit disposer d'une vaste panoplie, pour en donner à chaque occasion une fraîche. Le donneur de parole devient comme l'amant perpétuel dont on dit qu'il a un cœur d'artichaut.
Sauf que le perpétuel peut être provisoire, comme on a eu l'occasion de le voir dans on ne sait plus quel pays où le secrétaire perpétuel d'une institution a été appelé à d'autres fonctions, après un an de perpétuité. Il est vrai que la précarité est l'une des caractéristiques de notre époque.
Ainsi donc celui qui donne sa parole se trouve dans la même situation que celui qui a prêté. Ni l'un ni l'autre ne peuvent reprendre ce qu'on peut appeler un bien. Le problème ne se pose évidemment pas pour celui qui ne donne ni ne prête. Mais sans doute pour un autre qui tient absolument à prêter serment et s'en ouvre à quelqu'un qui lui prête l'oreille et lui donne sa parole qu'il en aura l'occasion. L'un se consume à vouloir prêter, l'autre donne et peut même en faire le serment. On ne sait pas non plus comment se fabrique un serment. Peut-être que cela est plus simple qu'on ne pense. Le serment est probablement composé de paroles, sans autres ingrédients.
Tout cela est finalement fort transparent, comme le sont les trois interrogations du cinéaste et humoriste Woody Allen : “ je ne sais pas d'où je viens. Je ne sais pas où je vais. Qu'est-ce qu'il y a à manger ce soir ? ” Combien d'individus à travers le monde ont les moyens pour se poser ces questions avec le sourire. Et comment le savoir ? Peut-être que le programme alimentaire mondial dispose de statistiques fiables et vérifiées. Il faut dire aussi que celui qui a faim est abreuvé de paroles par des gens qui font le serment que lui aussi pourra se poser des questions fondamentales.
L'éminent penseur Al Bidaoui qui prête toujours l'oreille finit par intervenir, un rien agacé : “ mais de quoi se préoccupe-t-on donc tant ? Après tout, chacun sait que pour prêter il faut avoir un don. ”


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.