Le 29 avril dernier, votre société Acwa Power a octroyé le contrat EPC au consortium espagnol TSK-Sener-Acciona pour le démarrage des travaux de la première centrale solaire de Ouarzazate. Quelles sont concrètement les clauses de ce contrat ? Il s'agit d'un contrat de réalisation au mode EPC (Engineering Procurement Construction). Le consortium est chargé de réaliser l'ingénierie de la centrale solaire « Noor 1» de Ouarzazate d'une capacité de 160 Mégawatts avec trois heures de stockage, d'acheter les équipements et faire l'assemblage et la réalisation globale de la centrale. Le contrat renferme des exigences très précises en matière de qualité, de fiabilité, et de planning parce qu'il s'agit d'un contrat qui s'étale sur 28 mois. La pause de la première pierre effectuée aujourd'hui (ndlr : l'entretien a été réalisé vendredi soir) par le roi Mohammed VI marque le début des travaux de cette plus grande centrale solaire CSP au monde. Initialement prévue pour décembre 2012, la construction débute finalement en mai 2013. Qui est-ce-qui explique ce retard ? C'est un projet complexe qui doit se développer sur plusieurs phases. La première phase était l'adjudication du projet à Acwa Power Ouarzazate en tant que soumissionnaire principal. Ensuite, nous avons signé le contrat de vente et d'achat d'électricité (PPA) qui est un volet principal du projet et qui tient la transaction avec l'Agence marocaine pour l'énergie solaire (Masen). Il faut par la suite faire la clôture financière qui inclut beaucoup de travail et de documentation assez complexe. Nous avons donné un ordre de service partiel pour permettre au consortium de démarrer déjà un certain nombre d'activités comme l'ingénierie et la commande des équipements principaux. Il ne s'agit pas vraiment d'un retard, il fallait qu'on prenne le temps nécessaire pour le bouclage du financement. La clôture financière sera officiellement déclarée le 12 juin prochain. Nous avons un délai de publicité de l'étude de l'impact environnemental du projet. La Banque mondiale exige que cette étude soit publiée 120 jours avant le démarrage effectif du projet. Le 12 juin constituera la fin de cet ultimatum. La participation des entreprises marocaines à ce projet figure parmi les clauses du contrat que vous avez paraphé avec la Masen. Comment va se matérialiser cette contribution ? Selon le cahier de charges établi par la Masen, l'intégration de l'industrie locale dans ce projet doit être au minimum de 30%. Nous y avons souscrit totalement. Nous avons organisé conjointement avec Masen un workshop sur l'intégration industrielle au mois de janvier dernier, au cours duquel nous avons présenté les détails des produits et services que doivent offrir les sociétés locales et on les a encouragés à adhérer à ce projet. Ils collaboreront avec le consortium pour apporter leur contribution. Il y aura également 1 200 employés marocains pendant la construction de la centrale. Dans notre vision, nous essayons toujours de maximiser la participation des entreprises locales pour que le projet ait un plus grand impact sur les populations. Vous prévoyez de livrer le projet durant la seconde moitié de 2015. Un délai réalisable ? Ce délai sera respecté parce qu'on a une exigence très stricte. Il y va aussi de la crédibilité et de la réputation de la société que nous essayons de préserver. Nous avons toujours livré nos projets à temps et même avant les délais sans en compromettre la qualité, car si la qualité n'est pas respectée la performance de la centrale sera affectée. La sûreté et la sécurité sont également deux choses qui sont très importantes pour nous. La société compte intégrer tous ces paramètres dans la réalisation de ce projet. La centrale « Noor 1 » sera construite suivant le mode BOOT (Build, Own, Operate, and Transfert) et fonctionnera sur la base de la technologie du solaire thermique CSP (Concentrated Solar Power). Pouvez-vous nous expliquer, en des termes moins scientifiques, ces deux techniques ? BOOT est un mode de réalisation de projets. Le partenaire qui est choisi aura en charge la construction et l'exploitation. A la fin de la phase d'exploitation qui dure entre 20 et 25 ans, il va transférer la centrale à l'acheteur d'électricité (Masen, ndlr). Le CSP c'est la technologie des concentrations solaires, c'est un mode de production de l'électricité à travers le solaire thermique. Cette technologie produit de la chaleur qui va permettre de générer de l'électricité en utilisant une turbine à vapeur. Il existe aujourd'hui deux filières techniques dans le solaire : le photovoltaïque et le CSP.