Le 30 novembre dernier, le président du Conservative Muslim Forum, Lord Altaf Sheikh, a exhorté la communauté islamo-britannique à s'associer aux forces armées et à la police pour promouvoir la tolérance et le respect mutuel entre musulmans et non-musulmans en Grande-Bretagne. Cette démarche ainsi que l'existence même dudit Forum au sein du Parti conservateur britannique montrent à quel point les musulmans sont en train de devenir une part importante et consubstantielle de la société britannique. La communauté musulmane a un rôle à jouer dans ce processus, au même titre que le gouvernement et la société britanniques. Non seulement cette intégration devrait permettre aux musulmans de Grande-Bretagne de mieux comprendre la culture britannique mais elle devrait aussi permettre à la société britannique au sens large de comprendre les musulmans. Lorsqu'on regarde la communauté musulmane, il est important de noter qu'un des aspects essentiels de l'Islam est sa nature globale – la culture musulmane ne se limite pas à une région spécifique ou à une nationalité. En revanche, la culture et l'identité musulmanes sont guidées par des personnalités et des tendances comportementales. Néanmoins, bon nombre de musulmans en Grande-Bretagne et partout ailleurs en Occident font un amalgame entre la religion et la culture de leur pays d'origine. Ils ne veulent pas adopter la culture et les traditions de leur nouveau pays de résidence de peur qu'elles ne correspondent pas au ‘'mode musulman''. Ils ont le sentiment qu'un musulman doit agir selon certaines règles qui, en réalité, proviennent d'un contexte culturel et non religieux. Par exemple, les mariages arrangés, pratiqués par certains musulmans britanniques, passent pour être une tradition religieuse. En fait, il s'agit d'une pratique courante dans certaines cultures asiatiques qui risque de s'avérer inopportune pour la plupart des musulmans britanniques aujourd'hui. Les plus jeunes générations de musulmans au Royaume-Uni doivent se créer une identité et une culture islamo-britannique adaptées à leur pays qu'est la Grande-Bretagne et qui seront certainement différentes de celles de leurs parents ou grands-parents. Fort heureusement, il y a des organisations qui aident les jeunes musulmans à se créer leur propre identité. Par exemple, le Conseil européen pour la Fatwa et la Recherche (CEFR) publie un rapport annuel qui a toujours demandé aux musulmans d'Europe de respecter les principes et la morale de l'Islam tout en se comportant comme des citoyens proactifs, contribuant de manière positive au progrès et au développement de leur mère patrie européenne. Les scouts islamo-britanniques – une organisation qui accompagne les jeunes dans leur développement physique, mental et spirituel afin qu'ils jouent un rôle positif dans la société – est un exemple d'un groupe proactif de jeunes musulmans désireux de servir leur pays en faisant preuve d'authenticité britannique. Concernant la société britannique, il est important de relever qu'elle a un caractère multiculturel et que le gouvernement britannique est désireux d'offrir les mêmes opportunités à ses citoyens, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse. Par exemple, tous les citoyens disposent du droit de vote, bénéficient des mêmes services de santé et des mêmes opportunités d'éducation et expriment leurs opinions sur des sujets qui les intéressent. Toutefois, des obstacles apparaissent, incitant les musulmans à la prudence pour exprimer des opinions différentes ou partager ouvertement leur culture et leurs traditions. Les sympathisants du Parti national britannique (PNB), un parti d'extrême droite qui a fait campagne contre l'invasion des immigrés, ne cachent pas leur aversion pour les musulmans et autres minorités ethniques et religieuses. Malheureusement, lors des dernières élections législatives, le PNB a obtenu plus de 500 000 voix, contre quelques 200 000 voix en 2005. Il est donc essentiel que le gouvernement et la société britanniques poursuivent leurs efforts pour s'occuper des intérêts de leurs citoyens musulmans et protéger leurs droits en tant que citoyens à part entière. Dans le même temps, la communauté musulmane de Grande-Bretagne doit renforcer son identité en tant que partie intégrante de la société britannique et non se mettre à l'écart. En agissant de la sorte, elle aura aussi plus de chance de se voir accepter dans la société britannique. Les musulmans britanniques peuvent plus efficacement réaliser cet objectif en stimulant le soutien d'autres partenaires dans la société britannique pour gérer les opportunités, menaces, initiatives de développement et projets nationaux pour le bien à venir de tous les Britanniques. Par exemple, les organisations caritatives peuvent coopérer – quelles que soient les orientations religieuses de leurs membres – pour servir une cause commune. La coopération mutuelle sur des projets nationaux comme l'aide aux sans-abri, la lutte contre la drogue ou l'égalité des chances pour les handicapés, créera plus de filières pour l'interaction et la coopération entre les musulmans et non-musulmans britanniques. Les musulmans peuvent donner la main aux chrétiens, juifs et athées pour travailler sur plus de projets dont bénéficierait la communauté dans son entier. Non seulement, les musulmans auront alors davantage l'impression de faire partie intégrante de la société britannique mais ils auront aussi plus d'occasions d'être impliqués aux côtés de citoyens d'autres confessions. L'interaction engendrée par les projets destinés à résoudre les problèmes et à construire une nation plus forte est un premier pas vers l'ouverture à des idées, cultures et traditions différentes. A travers ces projets, l'intégration islamo-britannique se révélera plus profonde dans les communautés. Arwa Ibrahim,d'origine égypto-britannique, est un journaliste indépendant et un chargé de recherche sur les questions relatives au Moyen-Orient et à l'Islam.