Les chefs de partis de la majorité et les secrétaires de la coalition gouvernementale se sont à nouveau réunis la semaine dernière, dans le cadre de leurs réunions bimensuelles. Principal objet de cette réunion : la situation économique du pays, en plus de l'adoption d'une nouvelle version de la charte de la majorité (lire encadré). « Une grande partie des discussions a été axée sur les solutions et démarches pour affronter la crise économique et financière, et plus particulièrement sur la nécessité de redynamiser l'activité économique et de lever les obstacles à l'investissement », explique Abdelahad Fassi-Fihri, membre du secrétariat de la coalition gouvernementale et du bureau politique du PPS. Des priorités laissées de côté Malgré la décision prise par le secrétariat de la coalition de se focaliser sur trois dossiers prioritaires (la réforme de la caisse de compensation, les élections communales et la régionalisation, et la réforme des régimes de retraite), celles-ci n'ont pas été abordées lors des dernières réunions. Selon Abdelahad Fassi-Fihri, ceci est dû « à l'acuité et à l'urgence de trouver une solution à la situation économique. Il est nécessaire pour le gouvernement d'avoir une vision d'ensemble commune ». L'exposé du ministre des finances, Nizar Baraka, lors de la précédente réunion aurait marqué les esprits. « Nous sommes sortis un peu secoués de cette réunion durant laquelle le ministre a présenté un constat alarmant ». Les leaders de la coalition gouvernementale ont donc examiné les mesures possibles « à même de garantir les équilibres macro-économiques et d'encourager les investissements privés à travers la simplification des procédures et l'élimination des obstacles qui les entravent », selon un communiqué publié à l'issue de la réunion. Le PI fait cavalier seul Le comité exécutif du parti de l'Istiqlal, réuni samedi, a élaboré un mémorandum suggérant une liste de mesures d'urgences afin de faire face à la crise économique du pays. Dans ce mémorandum communiqué à la presse, le PI suggère une série de mesures d'urgence favorisant l'augmentation des recettes fiscales, précisant que ces mesures « n'auront aucun impact sur les prix des produits de première nécessité ». L'initiative prise par le parti de la balance se veut critique de l'action gouvernementale jusqu'à présent. Le texte fait référence au gouvernement actuel comme une entité distincte du parti de l'Istiqlal, ce dernier remettant ainsi sa casquette « d'opposition au sein de la majorité ». « Il était attendu que le gouvernement actuel s'engage dans la mise en application effective et réelle de la réforme des structures de l'économie nationale [...] mais nous voilà aujourd'hui, après un an et demi depuis l'investiture du gouvernement actuel, face à une détérioration inquiétante de tous les indicateurs macro-économiques et à un élargissement dangereux des équilibres financiers, sur lesquelles le gouvernement actuel devait veiller », peut-on lire dans le document communiqué par l'Istiqlal. Le texte compare également les taux de croissance réalisés par le gouvernement précédent, mené par le PI, à la situation économique actuelle. Il rappelle par ailleurs que le parti avait « alerté auparavant de l'absence de vision économique claire au sein du gouvernement, à travers le mémorandum soumis au chef du gouvernement », en janvier dernier. Signée par les partis de la majorité le 16 décembre 2011, la charte de la majorité définissant le mode de fonctionnement de la coalition gouvernementale a été révisée suite à la demande des leaders de parti de la majorité et aux critiques d'unilatéralisme faites au PJD par les autres partis. L'action commune, l'efficacité dans l'exécution, la transparence dans la gestion et la solidarité dans la responsabilité sont les quatre pilliers de cette charte. Lors de la réunion du 15 février dernier, les membres du secrétariat de la présidence de la coalition de la majorité avaient été chargés de la révision de la Charte de la majorité afin de présenter des propositions visant à renforcer la communication et la coordination entre ses composantes au service du rapprochement des visions sur les grandes questions. La nouvelle version de la charte de la majorité a donc été approuvée jeudi dernier par les quatre partis de la coalition gouvernementale. Cette nouvelle charte contribuerait à améliorer la concertation des partis de la coalition concernant les grands dossiers et chantiers politiques.