Un contrat de travail à vie ne semble plus être à la mode. L'heure est à «la flexibilité responsable» avec l'urgente nécessité de repenser notre perception du contrat de travail. À l'origine de ce message, Jamal Belahrach, président de la Commission emploi et relations sociales de la CGEM, qui en sait quelque chose. Présentant sa feuille de route, lundi à Casablanca, pour la période 2013-2015, Belahrach explique que la résorption des déséquilibres caractérisant l'offre et la demande d'emploi passe par la flexibilisation aussi bien du marché que du temps de travail sur la base d'un modèle socialement responsable. D'autant plus vrai que les capacités de l'économie nationale à produire de l'emploi se rétrécissent davantage (1 000 postes en 2012 contre 105 000 en 2011). Les propositions du patronat Le constat alarmant interpelle et à maintes égards la confédération patronale dont les réflexions sur la question sont arrivées à maturité. Elle propose ainsi la création du contrat de travail en temps partiel (CTTP), la création d'une rupture conventionnelle du contrat de travail et la réglementation du travail temporaire. La mise en place de ces actions nécessite en revanche une forte implication de l'Etat régulateur et facilitateur. Puisque le modèle de«flexibilité responsable» exige un accompagnement gouvernemental à travers la concrétisation sur terrain du dispositif indemnité de perte d'emploi (IPE) et le renforcement du rôle de l'Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences (Anapec). Sans pour autant négliger le rôle capital de la formation continue. Le problème c'est que tous les dispositifs en question sont dans l'impasse. Pour l'IPE, l'Etat se veut catégorique en rejetant la proposition de la CGEM consistant en un financement pérenne du mécanisme. Quant à la formation, le patronat déplore «l'absence de mécanismes dynamiques de formation continue, de formation en alternance et en apprentissage pour développer l'employabilité des salariés». Tout cela pour dire que même le plan d'action de la Commission emploi lancé en 2011 envisageant la création du Pacte national pour l'emploi (20 mesures) et le lancement de l'Observatoire pour l'emploi et l'employabilité est passé inaperçu. Exception faite pour deux mesures dont l'intégration obligatoire du contrat Anapec, fait savoir Belahrach. L'informel gangrène l'emploi Il s'agit là d'un signal qui porte à croire que la nouvelle recette de «la flexibilité responsable» risque elle aussi d'être remise en question. Enfourchant son dada, Belahrach invite à lever la nuance et ne pas associer la flexibilité à la précarité. D'où l'urgence de l'amendement de la réglementation du travail temporaire, qui commence a être envahi par l'informel, éclaire-t-il. Quoique ce pan souterrain de l'économie reste un «régulateur social» pour emprunter le mot à Belahrach. Par ailleurs, qui dit«flexibilité responsable», dit révolution culturelle, économique, sociale et politique. Conscient de la grandeur des défis, la CGEM propose aussi d'accélérer la promulgation de la loi sur le droit de grève. Belahrach informe que sa commission dispose déjà d'un projet de texte de loi clés en main. Sur la liste des actions suggérées, figure également la réforme du code du travail et la révision de la fiscalité des revenus. S'inspirer aussi de l'expérience de la TVA sociale peut être d'un apport bénéfique de sorte à baisser le coût du travail. Le dialogue social n'est pas en reste. «Capitaliser et formaliser le dialogue direct avec les partenaires sociaux en charte nationale avec une feuille de route claire et des objectifs pour les parties prenantes», conclut-on.