Deux ans après la première manifestation, le nombre de manifestants a largement diminué. « Le retrait d'Al Adl Wal Ihsane a indéniablement eu une grande influence sur le mouvement », explique un militant. « Mais le nombre ne va pas nous handicaper, ce qui importe ce sont les idées qu'a apportées le mouvement, dans le contexte de ce qui est aujourd'hui qualifié de «Printemps arabe»», ajoute-t-il. Parmi les manifestants figurait l'homme d'affaires et sympathisant du M20F, Karim Tazi. Interrogé sur le manque d'affluence, Tazi estime qu'il n'y a effectivement « pas assez de monde, » mais que cette présence, même moindre, est en tout cas « la preuve qu'on ne s'est pas endormi. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, sur l'échelle du monde arabe, il y a une déception. Le Printemps arabe a accouché d'une déception, en Syrie, en Tunisie ou en Egypte », ajoute-t-il. « Mais ce qui est important c'est que le Maroc sache qu'il a gardé une conscience, et pour le moment, la seule conscience du Maroc c'est le mouvement du 20 février alors il y a des moments où la conscience se réveille et des moments où la conscience est faible. Mais l'essentiel est qu'elle ne meure pas », confirme-t-il. « On est certes très loin des espoirs que nous avions il y a deux ans. Mais ce qui importe le plus c'est plutôt de célébrer l'anniversaire du réveil de la jeunesse marocaine parce qu'on disait toujours que c'est une jeunesse qui ne s'intéresse à rien, qui ne veut rien faire, qui ne croit pas dans l'avenir de ce pays, qui ne veut pas s'engager. Qu'on soit d'accord ou pas avec le mouvement du 20 février, il faut au moins reconnaître que c'est la preuve du réveil de la jeunesse marocaine », conclut Karim Tazi. Retour à la case départ ? La démission du gouvernement, la dissolution du parlement et une nouvelle constitution ont figuré parmi les slogans du mouvement mercredi. « Nous avons aujourd'hui à faire à un gouvernement de bouffons qui ne fait qu'atténuer les préoccupations du citoyen en faisant la comédie au parlement au lieu de trouver des solutions et des réponses réalistes aux problèmes que vit le citoyen marocain », déclare un manifestant. Un air de déjà vu ? Pour Karim Tazi, le mouvement ne fait que réclamer ce qu'on lui a promis. « La Constitution n'est pas à la hauteur du discours du 9 mars. Ce qu'on demande c'est qu'ils nous donnent juste leur discours. C'est tout. On nous a promis des choses dans ce discours, et on les réclame maintenant ». Le réveil d'une conscience En deux ans, le mouvement du 20 février s'est visiblement essoufflé mais, selon ses militants, « qu'on le veuille ou non, le mouvement du 20 février est un mouvement réformateur qui est venu dénoncer les conditions catastrophiques dans lesquelles vivent les Marocains, en termes de corruption, de tyrannie et de mauvaise gestion des secteurs publics qui ont trait à la vie quotidienne du citoyen », déclare un manifestant, ajoutant que : « le M20F exprime de nombreuses attentes et demande des réformes, mais malheureusement, depuis deux ans, elle n'a pas trouvé d'échos chez les responsables ». Une « frustration » partagée par le blogueur et militant, Larbi El Hilali, également présent au sit-in, quoi que le réveil d'une jeunesse qui s'intéresse à la politique et l'instauration d'un débat public sont pour Larbi El Hilali « des acquis indéniables ». De son côté Karim Tazi estime qu'il ne faudrait « pas attendre du mouvement du 20 février plus que ce qu'il ne peut donner. Le M20F est venu réveiller le Maroc qui était profondément endormi. Mais il ne peut pas à lui tout seul réveiller le pays tout entier. Je crois que nous sommes dans une période de long processus et qui se passe de façon tout à fait normale », affirme-t-il.