Le rôle de Holly Golightly est tellement indissociable de celui de son iconique interprète, Audrey Hepburn, qu'il est difficile aujourd'hui d'imaginer la blonde Marilyn Monroe comme premier choix des instigateurs du projet. Y compris celui du célèbre écrivain américain Truman Capote dont le livre est une adaptation de sa nouvelle « Breakfast at Tiffany's » (également titre original du film en anglais). Capote qui s'opposa au choix de Hepburn enfonça même le clou en déclarant publiquement qu': «Audrey est une vieille amie et une des personnes que je préfère, mais elle n'est simplement pas le rôle». Heureusement la brunette finit par l'emporter auprès des producteurs, toute auréolée de son oscar obtenu pour « Vacances romaines » et de ses nominations suivantes à l'obtention de la statuette dorée. John Frankenheimer qui devait réaliser le film au départ fut alors remplacé par Blake Edwards, plus rassurant pour l'actrice. Edwards, alors à ces débuts, obtiendra la reconnaissance critique à partir de ce film qui augurera une période brillante pour le réalisateur (« The party », la série des « Panthère rose). « Diamants sur canapé » demeure l'une des plus savoureuses comédies produites par Hollywood à ce jour. A la fois sophistiqué et cruel, le film possède un charme qui n'est pas dénué de spleen. Car s'il contient un certain nombre de gags efficaces (plusieurs ont cependant mal vieilli comme ceux avec Mickey Rooney en voisin japonais dénonciateur), l'impression profonde qu'il laisse vient beaucoup de son aspect mélancolique qui, bien que diffus, n'en est pas moins important. Une croqueuse de diamants cherche à épouser un homme riche alors que son voisin écrivain s'intéresse fort à elle. La jolie et dissipée Holly fait également en toute innocence le messager pour un truand notoire. Lorsque la police l'interroge, elle n'a aucun mal à prouver son innocence mais son futur époux, riche planteur brésilien, s'éloigne par peur du scandale. L'écrivain en profite pour consoler la belle. Blake Edwards signe une œuvre à la hauteur de la superbe nouvelle de Truman Capote. Même si les personnages versent dans l'insatisfaction, l'atmosphère est toujours tendre et, par moments, aussi légère qu'une bulle de champagne bien qu'une certaine gravité n'est jamais bien loin. Audrey Hepburn incarne à merveille ce personnage extraverti et court, de chapitre en chapitre, à la recherche de la gloire et d'un mari riche, qui lui échappent de manière continue. Le personnage de George Peppard aussi, écrivain sans inspiration, se laissant entretenir par une femme riche et mariée, connaît son lot d'abattements. Lancés dans une fuite en avant qui traduit constamment leurs peurs existentielles de grands enfants blessés, les personnages sont aussi magnifiés par la mise en scène de Blake Edwards qui privilégie toujours la légèreté, la joie et l'éclat. Restent quelques scènes d'anthologie comme celle, fabuleusement rythmée, de la fête chez Holly qui n'est pas sans rappeler la construction en crescendo de « The party » que Blake Edwards réalisera des années plus tard ou celle tout aussi brillante de « Playtime » de Jacques Tati. Pour conclure, comment ne pas citer la musique composée par Henry Mancini et le titre « Moon river », devenu un classique et qui sera repris par les plus grands comme Sinatra, Louis Armstrong ou encore REM.