Si la question mensuelle consacrée aux questions relatives à la politique générale et précisément au pouvoir d'achat des Marocains a été marquée par les échanges tendus entre le numéro 1 du gouvernement et les députés de l'opposition, dans la lignée du show politique télévisé suivi par les Marocains depuis la nomination de l'actuel gouvernement, celle de la Chambre des conseillers a été plus sereine. Axée sur «la politique immobilière de l'Etat entre les exigences du développement socio-économique et les contraintes de la réalité», la séance a permis à Benkirane de défendre avec force la politique gouvernementale relative à l'immobilier. Elle a aussi été entachée par un comportement indigne d'un « représentant de la Nation », une dérive qui a fait le buzz et a été reprise par les médias électroniques… Le gouvernement «incapable» de stopper la spéculation De l'avis de l'opposition, le gouvernement est «incapable» de faire face à la spéculation qui gangrène le marché. Le groupe de l'alliance socialiste a insisté sur la nécessité de réformer le cadre législatif et combler le vide en matière de contrôle, conditions sine qua non pour assurer un développement durable dans ce secteur. Pour sa part, le groupe authenticité et modernité estime que le gouvernement doit faire preuve d'audace politique pour faire face aux défaillances que connaît le secteur et qui freinent le processus de développement au Maroc. Le groupe a également souligné que les dysfonctionnements relevés en matière de politique immobilière ont été mis en exergue dans le rapport du cinquantenaire selon lequel «la terre semble avoir cessé d'être un simple outil de production, elle est devenue un objet de spéculation immobilière, due dans une large mesure à la recherche de placements défiscalisés. Le foncier urbain est aussi un attribut de pouvoir et de notabilité, une source intarissable d'enrichissement et une ressource souvent prisée et, partant, détournée de ses fonctions ordinaires, par les circuits de blanchiment et les formes multiples de spéculation». De son côté, le groupe du RNI a affirmé que le foncier se trouve au centre de la dynamique socio-économique et impacte directement le domaine de l'investissement industriel, agricole et touristique, soulignant la nécessité de mettre en place un système de bonne gouvernance et de mobiliser l'assiette foncière en vue de la promotion des investissements. Il a également appelé le gouvernement à élaborer une vision claire visant la réforme du secteur selon un agenda déterminé en vue d'attirer les investissements, satisfaire les attentes des citoyens et préserver ainsi leur droit au logement et lutter contre la rente. Les alliés pas très convaincus Les partis constituant la coalition gouvernementale et représentés par des groupes à la Chambre des conseillers ont souligné les efforts consentis par le gouvernement pour multiplier l'offre en matière de logement et lutter contre l'habitat insalubre. Dans ce sens, le groupe Istiqlalien pour l'unité et l'égalitarisme a mis en exergue les efforts du gouvernement visant à endiguer les problèmes grandissants dans ce domaine, liés notamment à l'offre en matière de logement, préconisant la création d'une agence nationale dédiée au regroupement et à la gestion de l'immobilier de l'Etat. Ceci étant, le groupe du PI a appelé le gouvernement à assurer l'équilibre entre l'offre et la demande, à travers une politique efficiente en matière de villes et de pôles urbains et l'encouragement des coopératives d'habitation en faveur de la classe moyenne. Pour sa part, le groupe haraki a estimé caduc le cadre législatif encadrant ce secteur, qui constitue un pilier du développement économique et social et un levier de promotion des investissements, relevant les multiples problèmes dus aux mutations ayant marqué ce domaine et liés, notamment, au domaine forestier et aux terres soulaliyat. Juste après la fin de cette séance, le Chef du gouvernement a assisté aux plénières de clôture de la session d'automne.