Pour la grande majorité des gens vivant en Israël, les élections anticipées du 22 janvier sont sans surprise : le premier ministre Benyamin Netanyahou est réélu et domine la 19ème Knesset. En revanche, beaucoup de personnes se demandent quelles seront les implications de cette réélection par rapport à l'impasse dans laquelle est plongé le processus de paix, et quelles mesures vont être prises pour relancer les négociations. Benyamin Netanyahou a déclaré, dans l'édition du week-end du journal Haaretz, que les critères sur lesquels le nouveau gouvernement sera formé tiendront compte d'un processus de paix réfléchi. Etant donné l'impasse diplomatique dans lequel on se trouve depuis deux ans, sans parler des actions unilatérales menées plus récemment par chacun des deux camps – l'expansion des colonies et l'obtention par l'Autorité palestinienne du statut d'Etat observateur non-membre aux Nations-unies, les intentions du premier ministre israélien en ce qui concerne le processus de paix paraissent peu claires. Par ailleurs, le gouvernement devra aussi régler d'autres problèmes tels que les tensions avec l'Iran ainsi que la crise socio-économiques qui touche le pays. Cependant la solution au conflit israélo-palestinien reste la priorité de la plupart des Israéliens. Comme le parti Yisrael Beiteinu (parti politique nationaliste de droite qui a fusionné avec le Likoud, parti de Netanyahou) soutient la solution à deux Etats, on peut peut-être espérer des efforts dans ce sens, à l'occasion du nouveau mandat du premier ministre. Or pour que ces efforts se concrétisent, il faut la mise en place de certaines conditions. D'abord, le premier ministre Netanyahou doit faire de la paix avec les Palestiniens sa priorité. Une façon de s'en assurer serait d'inclure dans le gouvernement de coalition quelques membres de la gauche et du centre, notamment du nouveau parti Hatnua de Tzipi Livni, (dont la priorité est le processus de paix). Si Tzipi Livni fait partie du gouvernement de coalition de Netanyahou, les efforts envers les Palestiniens seront relancés. Un gouvernement dirigé par la droite n'est pas forcément contradictoire avec la reprise des négociations ; après tout le traité de paix de 1979 avec l'Egypte fut signé par le premier ministre Menachem Begin, qui était de droite. Ensuite, le gouvernement de Netanyahou devrait débloquer les recettes fiscales dues à l'Autorité palestinienne pour aider à mettre fin à l'agitation en Cisjordanie. La retenue de ces recettes ont été une façon de punir l'Autorité palestinienne pour sa demande de statut d'Etat observateur non-membre auprès des Nations-unies. Cette mesure ne peut durer ; Benyamin Netanyahou sait bien que punir l'Autorité palestinienne financièrement posera sans doute un problème sécuritaire à Israël. D'ailleurs, ce pays a demandé au Fonds monétaire international d'accorder un prêt relais à l'Autorité palestinienne d'un montant de 100 millions de dollars pour éviter un effondrement financier. Débloquer les recettes fiscales permettrait non seulement de payer en partie le salaire des fonctionnaires palestiniens mais contribuerait aussi à dissiper les troubles politiques et civiques qui se sont produits récemment en Cisjordanie. Un autre plan d'action qui aiderait à faire redémarrer le processus de paix est d'éviter l'implantation de nouvelles colonies. Même si les élections donneront lieu à la formation d'une autre coalition de droite, comme le prédisent certains observateurs, un gel de l'implantation de nouvelles colonies n'est pas une idée si absurde vu que l'ancien gouvernement de droite avait déjà donné son accord à ce gel, en septembre 2011. Le mois dernier, l'annonce qu'Israël entamerait la construction de 3000 logements supplémentaires en Cisjordanie ainsi que le développement d'une zone appelée E1 – provoquant une coupure assez importante de la partie palestinienne de Jérusalem-Est du reste de la Cisjordanie, ont suscité un tollé international. Cesser les implantations en Cisjordanie et dans les zones sensibles comme Jérusalem-Est montrerait à l'Autorité palestinienne que ce gouvernement est prêt à reprendre des négociations sérieuses et donnerait lieu à un climat positif indispensable pour faire avancer le processus de paix. Toutefois, pour que Netanyahou avance dans la direction du processus de paix, l'Autorité palestinienne doit pour sa part éviter toute autre initiative unilatérale – comme sa demande de statut d'Etat observateur auprès des Nations-unies. Ce genre de comportement donne au gouvernement et à la population israéliens le sentiment d'être constamment sous menace. Il faut que les deux camps créent des conditions propices à un climat leur permettant de passer à la table de négociation pour faire toutes les concessions dont il est si souvent question mais qui restent néanmoins lettres mortes.