Les Palestiniens peuvent-ils de nouveau descendre aux enfers? On ne peut l'exclure. Le 10 février, les Israéliens éliront leur nouveau Premier ministre. Un scrutin capital pour l'Etat hébreu mais encore plus, peut-être, pour l'avenir de la région et le futur des Palestiniens. Que Tzipi Livni, l'actuel ministre des Affaires étrangères, présidente de Kadima, ou plus improbable, Ehoud Barak, chef des Travaillistes l'emporte, et les pourparlers se poursuivront cahin caha entre Israéliens et Palestiniens. Comme toujours, Washington décidera de favoriser ou non des négociations. Mais que le Likoud, droite dure, gagne les élections et le retour de Benyamin Netanayhou, au poste de Premier ministre, replongera les Palestiniens, mais peut-être aussi l'Iran qu'il a promis de frapper si Téhéran ne met pas fin à son programme d'enrichissement de l'uranium, dans la violence. Le pire n'est jamais sûr. Dans l'immédiat, Tzipi Livni tient la corde avec une légère avance de 29% des voix contre 26%, sur son rival, Netanyahou. Mais les élections sont loin. Les Israéliens qui se sont politiquement durcis, sont versatiles. Un attentat avant le vote, et Netanyahou l'emportera. Issue du Likoud, une histoire de famille chez les Livni, ancienne du Mossad, Tzipi Livni a un avantage : elle négocie depuis deux ans avec le président Mahmoud Abbas et est désormais convaincue que l'Etat palestinien est indispensable à la survie d'Israël. Non qu'elle ait découvert la grande injustice faite à ses voisins, mais parce qu'elle n'entend pas qu'Israël soit obligé un jour, à moins de se reconnaître comme un pays d'apartheid, d'intégrer les Palestiniens en son sein. Ce serait, au plan démographique, la disparition programmée de l'Etat hébreu. Une question reste sans réponse : devenue Premier ministre, l'actuelle ministre des Affaires étrangères ira-t-elle jusqu'au bout pour parvenir à la paix ? Est-elle prête à démanteler nombre de colonies de Cisjordanie, à discuter des frontières, du partage de Jérusalem- Est, du principe du droit au retour. On l'ignore. Mais on peut parier que, pragmatique, volontariste et lucide, elle ne reculera pas devant les concessions qui lui sembleront inévitables pour un Israël moderne. Benyamin Netanyahou a, lui, annoncé la couleur : il ne lâchera rien. Aux Palestiniens, il offre une paix économique à la place d'un retrait des territoires occupés ou d'un accord permanent. En clair : enrichissez-vous dans vos réserves indiennes mais n'en sortez pas ! Le risque est grand qu'une telle politique ne donne un nouveau coup de fouet aux radicaux islamistes. Le Hamas pourra emporter une nouvelle fois l'année prochaine les législatives et peut-être la présidentielle. Pour les Palestiniens, ce serait un retour en arrière pire que celui qu'ils ont connu à la fin des années 90, lorsque Netanyahou, déjà Premier ministre, avait accéléré le travail de sape des accords d'Oslo. Devant cette perspective, Ehoud Olmert, Premier ministre démissionnaire tente de resurgir. Il va probablement rester à la tête d'un gouvernement de transition jusqu'en mars 2009 et veut amener Mahmoud Abbas à signer un accord de paix intérimaire qui laisserait dans l'ombre la question de Jérusalem, celle des frontières... Son rêve : laisser un nom dans l'Histoire et permettre à son ami George Bush de tenter de sortir la tête haute.