Certains sont pendus au téléphone, d'autres sortent leur tablette pour jouer aux cartes, tandis qu'une dispute éclate entre deux groupes parce que le membre de l'un aurait manqué de respect à l'autre. Et parfois ces désaccords s'amplifient pour aboutir à un échange d'accusations. Sous la coupole du Parlement, la classe des élites est loin d'avoir trouvé un terrain pour cultiver l'image de l'institution législative. Inéluctable, un rappel à l'ordre s'impose en antidote de ce poison qui prolifère arrachant au député son statut, aux yeux de ceux qu'ils représentent. « Les citoyens ont développé une image très négative du Parlement en l'assimilant parfois à un lieu de somnolence, de loisirs ou encore de règlements de comptes. Il est temps que l'on évite des comportements indésirables au sein de l'institution et de lui restituer sa vraie image, celle du pouvoir législatif qu'elle détient », déclare le président du groupe PPS de la Chambre des représentants, Rachid Roukbane. Un code en route Après avoir apporté des modifications techniques à son règlement interne, dans un premier temps, la Chambre des représentants se penche, actuellement, sur une révision de fond. Il faudra adapter l'ensemble du texte aux principes de la Constitution d'ici la fin de cette session législative, le 13 février. La mission a été confiée à un comité restreint d'experts, initiée par une commission de travail élargie composée des présidents des groupes, des alliances et des commissions ainsi que du président et des vice-présidents de la Chambre des représentants. Les députés, dont l'expérience professionnelle relève du domaine du droit en général et du droit constitutionnel en particulier, tentent, au sein du comité sous-jacent, de trouver la meilleure formule pour traduire concrètement les exigences de la constitution et les recommandations royales notamment en ce qui concerne l'élaboration d'un code d'éthique. A l'ouverture de la première session de la deuxième année législative de la 9ème législature, le Souverain a convié, en effet, « le Parlement à se pencher sur l'élaboration d'un code éthique, à portée juridique, axé sur les vertus du patriotisme et du souci de faire prévaloir l'intérêt général ». Ce sont les valeurs de la responsabilité et de la probité auquelles appelle le message royal qui nourrissent le code dont le règlement interne consacre un grand chapitre. Mode d'emploi L'être et le paraître, le code s'intéresse au rendement, aux comportements, à la crédibilité du député mais aussi à son aspect vestimentaire. L'un ne va pas sans l'autre, un effort d'élégance ne fera que du bien au député appelé à devenir l'emblème d'une institution où seul l'intérêt général de l'Etat et du citoyen se place au dessus de tout autre intérêt. Rachid Roukbane, un des membres de ce comité restreint, explique que le code veille sur le respect de l'intérêt général en opposition à l'intérêt personnel portant atteinte au travail législatif. « Il n'est pas question pour le député de tirer des profits financiers ou autres, ni d'accepter des cadeaux de valeur», met-il en garde, précisant que le code vise à préserver également l'objectivité du député et son indépendance de toute forme de pression ou lobby. « Le député est appelé à remplir sa mission en toute honnêteté, ne pas utiliser son statut à des fins publicitaires et veiller sur un climat de travail constructif où le respect de l'autre doit en être le principe de base », souligne ce membre. Le code éthique recommande ainsi au député d'éviter « des propos non parlementaires » : insultes, menaces, harcèlement... Et sur la liste des comportements à bannir figurent le bavardage au cours des séances, la restauration, la lecture des journaux et toute autre occupation, comme celle de tripoter les gadgets électroniques. Faire respecter le code devra relever de la mission du bureau de la Chambre des représentants seul habilitée à brandir des avertissements. En attendant, l'achèvement de l'élaboration du règlement interne risque d'être retardé en raison de désaccords sur la mise en œuvre de différentes questions, dont la séance mensuelle du chef du gouvernement, la parité et la représentativité féminine.