(Suite de la page Une) «Des engagements, nous les avons déjà reçus par le passé, mais rien n'a changé», s'emporte le député islamiste. Du changement, si, il y'en a eu. Mais du côté des députés. En effet, le PAM décide de joindre sa voix à celle du PJD et exiger la présence des ministres lors des questions orales. «Ces absences répétitives et souvent injustifiées sont la marque du peu de considération qu'accorde le gouvernement au Parlement et à l'action parlementaire. C'est un comportement anticonstitutionnel», dénonce pour sa part Ahmed Thami, président du groupe parlementaire du PAM. Pour le député, «l'absence des ministres nous contraint à changer nos priorités. Cela d'autant que nous apprenons souvent cette absence à la dernière minute. Cela se répercute sur les priorités et les questions que nous comptons poser dans le cadre des questions orales». Et, «en se comportant ainsi, les ministres nous privent de notre droit de contrôle de l'action du gouvernement par le biais des questions orales et de demandes d'informations». «Le gouvernement impose sa propre cadence au Parlement et se soustrait au contrôle de ce dernier».
Autre motif de la grogne des députés du Tracteur : «Les ministres absents représentent les secteurs essentiels touchant la vie quotidienne des citoyens. Prenez l'exemple de Karim Ghellab, comment peut-on le questionner sur sa gestion des répercussions des dernières intempéries s'il n'est jamais présent ? Cela pour ne citer que cet exemple». Pour le PAM, l'engagement de Lachgar de produire une «justification» de l'absence des ministres reste insuffisant. «Le ministre ne peut s'absenter que pour deux motifs : participer à une activité royale ou être envoyé en mission d'intérêt national. Et dans ce dernier cas, seules les missions décidées par le roi peuvent justifier une absence. Pour ce qui est des activités relevant de l'action de son département, le ministre peut choisir une autre date outre que celle qui coïncide avec les séances hebdomadaires des questions orales», explique Ahmed Thami. Autrement, «nous allons considérer ce refus de comparaître pendant les questions orales comme une volonté du gouvernement de se soustraire au contrôle des parlementaires». Car, estime le député, ce faisant, «le gouvernement impose sa propre cadence au Parlement». «Il ne se contente pas seulement de monopoliser l'action législative et de définir l'ordre du jour des sessions, il se permet de choisir, par ce subterfuge, les questions auxquelles il veut bien répondre. Il se soustrait ainsi au contrôle du Parlement». Pour le PAM, ce comportement «officiel» de l'équipe El Fassi dénote d'une seule chose : «une volonté d'avilir le rôle du Parlement, alors que c'est une institution complémentaire à l'action du Gouvernement». Mustapha Ramid, bien que ne poussant pas la logique aussi loin, s'insurge néanmoins par rapport au fait que la liste des ministres absents présentée aux présidents des groupes «ne mentionne pas les raisons de leur absence». Il a exigé que le gouvernement «précise les motifs de l'absence d'un ministre pour permettre aux groupes d'examiner la véracité de cette absence». Comportement devenu «régulier» pour de nombreux ministres. Absentéisme Quid des parlementaires ? Nul besoin de rappeler l'image de nos deux Chambres quasi-désertes à longueur d'année, même pendant le débat de textes majeurs. Pour le travail des commissions, n'en parlons pas. «Il nous arrive de nous retrouver à moins d'une demi-douzaine à faire face à un ministre pendant l'examen des textes de loi», confie un député sous couvert d'anonymat. Il n'en reste pas moins que la question de l'absentéisme des élus est devenue un casse-tête. Comment y remédier ? De la lecture des noms des présents à l'ouverture de chaque séance à la publication de ceux des absents au Bulletin officiel, la panoplie des mesures possibles et imaginables est très large. Prévoir un package incluant un billet d'avion et une chambre d'hôtel pour les députés et conseillers éloignés, mettre le nom de chaque élu sur un siège, ou prévoir une ponction sur le «salaire» des absentéistes, ce ne sont pas les idées qui manquent. Seule fait défaut leur concrétisation.