Il a suscité l'événement. L'ancien Secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Abbas El Fassi, a marqué sa présence à la deuxième session du Conseil national de son parti, tenue les 11 et 12 janvier à Rabat. Assis aux côtés de Hamid Chabat, à l'inauguration, El Fassi, qui s'est présenté en tant que membre du Conseil national, a fait une déclaration ayant rapidement apaisé les esprits et conforté l'actuel Secrétaire général dans ses positions. Soulignant l'importance pour le parti de préserver son unité et ses principes, El Fassi s'est montré contre tout recours à la justice pour résoudre les problèmes du PI, convaincu que la recherche des solutions doit toujours s'effectuer en interne. Il a ainsi appelé les militants à renforcer les maillons de leur parti au moyen d'un travail consensuel. Et à ce propos, El Fassi a précisé avoir été sollicité pour donner son avis sur le mémorandum déposé auprès du Chef du gouvernement. Et de recommander au Secrétaire général de veiller sur la coordination au sein du parti dont les membres sont venus très nombreux assister à cette deuxième session du Conseil. Ils ont été près de 850 à avoir participé à cette nouvelle étape qualifiée de décisive pour l'Istiqlal. Et pour cause, le parti est parvenu à élire l'ensemble de ses structures (comité central auquel s'ajoutent trois commissions d'audit, d'arbitrage et de candidature) et à adopter le règlement interne. À la tête du Conseil national, c'est donc Taoufiq Hejira qui est élu sans surprise, puisqu'il a été l'unique candidat. Ouverte aux membres du Comité exécutif, la candidature à ce poste clé du parti n'a pas fait l'objet d'une concurrence, mais plutôt d'une unanimité (844 présents sur 977 au total) autour de l'ancien ministre de l'Habitat. Dans sa première déclaration, ce dernier a dévoilé une partie de son programme dont deux événements phares : la célébration du 80e anniversaire du parti et l'élaboration d'une vision des partis politiques marocains pour la prochaine décennie. Chabat maintient la pression En attendant, le PI est déterminé à poursuivre sa pression sur le gouvernement. Hamid Chabat n'a pas hésité à réitérer sa déception de « la faiblesse du rendement gouvernemental », légitimant son insistance à émettre une alerte et à plaider pour une meilleure cohésion de la majorité par la voie du dialogue et de l'autocritique dans l'unique but de mettre en œuvre la Constitution. Dans son discours, Chabat s'est dit convaincu de l'urgence d'effectuer une « évaluation objective de l'action du gouvernement » afin de remettre le train de la réforme sur les rails. Pour lui, l'état des lieux au point de vue économique nécessite la mise en place de mesures urgentes à même de redresser l'équilibre macro-économique en boostant, entre autres, les échanges commerciaux, les exports et les projets productifs. En défenseur des droits des ouvriers, Chabat a aussi utilisé sa casquette de syndicaliste pour mettre en garde le gouvernement contre « l'élargissement du cercle de la pauvreté en ciblant la classe moyenne ». Soulignant le besoin d'une justice sociale, Chabat a affirmé que la réforme de la Caisse de compensation ne doit aucunement s'effectuer au dépend de la classe moyenne. Le Conseil recommande ainsi « un débat national pour examiner la problématique de la compensation et mettre en avant les répercussions de la réforme sur la paix sociale et la stabilité » et affirme que tout soutien direct aux catégories vulnérables ne doit pas être en dessous du salaire minimum ». Une nouvelle page L'après deuxième session du Conseil national du PI signe enfin l'entrée officielle de l'ère Chabat. Appelant à l'union et au respect des principes de la démocratie, le Secrétaire général de l'Istiqlal s'est dit confiant dans l'avenir précisant que les recours en justice à son encontre n'affaibliront pas le parti. « L'Istiqlal a gagné. Il est sorti vainqueur de cette étape en préservant sa place politique et citoyenne. Il a toujours fait face aux tentatives de le briser et il continuera à persévérer pour sauvegarder son union », soutient Mohamed Ansari, membre du comité exécutif du PI. Mais pour poursuivre son chemin, le parti doit aussi affronter ses difficultés financières. Le trésorier de l'Istiqlal, Adil Douiri, a avoué aux militants que le parti ne vit pas confortablement, comme ils le croyaient. Avec un déficit d'un million de dirhams par an et un projet (construction du siège) de 12 MDH en suspens, le défi financier s'ajoute à la liste de Chabat.