uatre partis politiques, un syndicat et un collectif d'associations. Chacun a sa vision, sa perception et ses critères de fondement du futur système de régionalisation. Tous reviennent sur un même constat: l'échec du régime actuel, en vigueur depuis le milieux des années 90. Mais personne ne jugeait utile de revendiquer son amendement avant que le roi n'en ait exprimé le souhait et ait mis en plus une commission ad-hoc pour initier la réflexion sur les mécanismes nécessaires à sa réussite, sauf peut-être quelques acteurs du mouvement amazigh qui ont fait d'une sorte d'autonomie régionale leur cheval de bataille. N'empêche aujourd'hui, la réflexion est bien lancée, et même les acteurs politiques se sont invités au débat. Les propositions fusent d'un peu partout. Trois grandes questions semblent préoccuper tous ces acteurs: les relations futures entre le Centre et la périphérie, les modes de gouvernance locale et bien sûr le découpage territorial devant servir de soubassement aux nouvelles entités régionales autonomisées. Du PJD et du MP d'un côté de l'échiquier politique à l'USFP et le PPS de l'autre, les propositions des partis divergent. A commencer par le nombre même des futures régions. Le PPS en propose, par exemple, une dizaine alors que pour le PJD, celles-ci doivent dépasser la vingtaine. La question a, à peine, été effleurée par l'USFP et le MP. Les deux partis estiment qu'il faut d'abord mener des études au niveau des régions avant de trancher. Du côté du mouvement associatif, l'on penche pour un nombre réduit, une dizaine tout au plus. Bref, chacun avance ses critères et ses arguments. Les éléments démographique, géographique, culturel et économique président, selon les priorités, aux choix de chacun. En gros, une fois cette question du découpage précisée ou éludée (comme dans le cas de l'USFP), les acteurs politiques et associatifs et syndicaux se focalisent sur trois volets essentiels : le devenir des actuels walis et gouverneurs, l'élection des instances locales et leurs prérogatives et les ressources économiques des régions. «Le Maroc a connu la régionalisation avant de connaître l'Etat moderne», expliquent en substance les islamistes. Un constat que partagent les acteurs associatifs. Les amis de Kamal Lahbib du «Forum des alternatives Maroc», qui s'est joint au débat citent, comme exemple, de cette «régionalisation maroco-marocaine», les «Fédérations de Gzoula, d'Aïta Atta ou encore d'Aït Yeflemane». Bref, aussi bien pour les islamistes que pour les acteurs associatifs, la régionalisation est bien ancrée dans les moeurs, les traditions et la culture des Marocains. Seulement le parti de la Lampe estime que le temps n'est pas encore venu pour les affranchir totalement de la tutelle de l'Administration centrale. La clé de voûte du système actuel, l'institution du wali, ne devrait pas être touchée, estiment les islamistes. «Le Wali de la région représente l'Etat au niveau régional», propose le PJD. Les islamistes entendent lui retirer, néanmoins, le titre d'ordonnateur de paiement. Thèse que défend, à sa manière, l'USFP. La formation de Abdelwahed Radi estime que la fonction de wali devrait se limiter à coordonner les différentes politiques sectorielles au niveau de la région. Quant aux pouvoirs de l'ordonnateur de paiement, ils devraient être confiés au Premier ministre dans un premier temps, cela «en attendant une solution meilleure». Le PPS, quant à lui, choisit une rupture totale avec le système actuel. Exit le wali donc, et par delà la tutelle du ministère de l'Intérieur. Dans le modèle proposé par les amis d'Ismaïl Alaoui, chaque région doit disposer d'un pouvoir exécutif qui exerce les pleins pouvoirs administratifs et réglementaires. Le mode électoral, au terme duquel seront choisies les nouvelles instances régionales, est aussi loin d'accueillir le plébiscite de tous ces acteurs. Du suffrage direct à un ou deux tours au scrutin de listes, chacune des formations politiques opte pour le mode qui lui convient le plus.