Indéniablement, la régionalisation avancée est le grand chantier de cette décennie. L'aboutissement logique de ce projet, c'est la refonte du mode de fonctionnement de l'administration territoriale, marqué par l'omniprésence du centre dans toutes les décisions. Ce méga chantier a le mérite de connaître une adhésion sans précédent des partis politiques, patronat, société civile et syndicats. Tous ont été invités à donner leurs propositions à la CCR. La balle est maintenant dans le camp de Azziman. L e 3 janvier, la Commission consultative de la régionalisation est installée par le roi. Mohammed VI. La CCR, composée de 22 membres dont trois femmes, devra présenter son rapport au souverain à la fin de cette année. Son mandat a été prorogé de six mois à la demande de son président, Omar Azziman. Abordant les grands axes de l'action de la CCR, le souverain avait appelé à «placer nos provinces du Sud récupérées parmi les premiers bénéficiaires de la régionalisation avancée». Commence alors la seconde étape de la régionalisation amorcée en 1995 par une réforme de la Constitution et la mise en place de 16 régions. Les partenaires politiques, sociaux et associatifs ont été invités, dans une approche participative, à rendre compte de leurs propositions aux membres de cette commission, donnant ainsi lieu à un ballet devant les locaux de la CCR. Certains partis ont joué la transparence, rendant publiques leurs propositions à l'image du PJD et du PPS alors que d'autres ont organisé des points de presse pour débiter des généralités. En revanche, le PAM n'a pas encore livré sa copie à la CCR. Pourtant présenté comme un des chantres de la régionalisation avancée, il continue de multiplier les rencontres sur la régionalisation à travers les villes du royaume. L'Istiqlal, le parti du Premier ministre n'a pas non plus présenté ses propositions à la Commission consultative de la régionalisation. Au sein du PI, une commission chapeautée par Nizar Baraka a été nommée à cet effet. Pour mémoire, à l'occasion de la fête du Trône, le 30 juillet dernier, le roi Mohammed VI avait appelé à l'ouverture d'un chantier, qualifié de «fondamental», sur la régionalisation et annoncé l'installation, «sous peu», d'une Commission consultative spécialisée. «La mise en place d'une régionalisation avancée (…) marquera un saut qualitatif dans le processus de démocratie locale». Six mois plus tard, ce sera chose faite. Comme lors de l'instauration des 16 régions, la régionalisation avancée est annonciatrice de réformes constitutionnelles même si pour le moment, les grands partis se gardent d'aborder cette question pourtant cruciale pour la réussite de cette initiative. Même si les auteurs des propositions divergent, celles-ci se rencontrent dans l'espoir que la régionalisation avancée limite le pouvoir tentaculaire du ministère de l'Intérieur et réduise le nombre des régions, actuellement 16, à 9 ou 10 tout au plus, à quelques exceptions près. Certains partis ont même proposé d'élire le président de la Région au suffrage universel ou carrément d'instaurer un nouveau ministère, totalement indépendant du département de l'Intérieur, dédié exclusivement à la Régionalisation.