La matrice du PJD décide d'adopter un nouveau «plan d'attaque» pour les 5 années à venir. En gros, le mouvement se défait de son caractère «prédicateur» pour une action plus «conforme» à l'évolution de la société marocaine. On reprochait souvent au MUR de s'adonner à la prédication (la daâwa) dans une société de religion musulmane. Ce changement, le mouvement l'explique par l'évolution de la pratique religieuse dans la société marocaine. «L'éveil islamique de notre société est un fait. Plusieurs acteurs y ont contribué. Au début, c'était les associations, aujourd'hui les chaînes de télévision, les mosquées, les Mourchidates et imams formés pour cette fin ont apporté chacun sa pierre à l'édifice», explique Mohamed Hamdaoui, président du MUR. Du coup, le mouvement islamiste veut focaliser, dorénavant, ses actions sur deux objectifs : renforcer son efficacité et agir sur le comportement religieux des Marocains. Explication : «être musulman ce n'est pas seulement faire sa prière et observer le Ramadan. Il faut que le comportement de chaque personne soit conforme aux préceptes de la religion», affirme le responsable du MUR. Le Mouvement a déjà donné un avant-goût de cette nouvelle stratégie en lançant l'opération «mon voile, ma vertu». Un appel insistant à adopter ce mode vestimentaire. Des opérations similaires vont certainement suivre. Mais le MUR ne compte pas faire cavalier seul. L'autre volet de sa stratégie quinquennal recommande en effet l'ouverture sur d'autres acteurs, «même ceux qui ne partagent pas nos convictions», précise Hamdaoui. Le MUR compte s'attaquer aux question de l'identité, de la langue (le mouvement fait déjà cause commune avec l'Association de défense de la langue arabe) mais aussi «certains tabous» comme la prostitution. Le MUR est en train de finaliser un plan quinquennal (2010-2014) pour une «rationalisation de la religiosité». La stratégie du MUR consiste à réunir, autour de lui, des acteurs privés, associatifs, voire politiques qui s'estiment concernés (ou victimes) par un fait de société. Là encore le président du MUR cite le phénomène de prostitution «qui peut toucher l'ensemble de la société, même ceux qui ne sont pas d'accord avec nous». Cela étant, le MUR compte plus précisément sur l'appui du parti pour porter ce discours moralisateur devant les instances législatives. «Quand c'est une question qui requiert une action législative, il est certain que nous allons compter sur le PJD». Parti dont le SG-adjoint, Abdellah Baha, tout comme le SG du syndicat UNTM, Mohamed Yatime, siègent au Comité exécutif du MUR. Pour les questions d'ordre sociétal, le MUR prévoit plutôt une ouverture sur la société civile. Toutefois, «il n'est encore question que d'un projet de plateforme que nous allons soumettre à nos instances régionales pour le débattre avant de le soumettre au congrès, en mai prochain, pour adoption», tient à préciser Mohamed Hamdaoui. N'empêche, le plan semble déjà avoir l'aval du Conseil (consultatif) national du Mouvement qui s'est tenu le week-end dernier.