« La présence et la participation du Maroc, en qualité d'observateur, au Sommet de Cadix constituait une bonne opportunité pour renforcer encore plus les relations entre le Maroc et les pays d'Amérique du sud, à la fois sur les plans politique, économique et culturel ». Dixit Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération. Le chef de la diplomatie marocaine a assisté au sommet des pays de la péninsule ibérique organisé par l'Espagne. Le ministre Amrani a ainsi commenté le déroulement des travaux de ce XXIIème Sommet auquel l'allocution de clôture du roi Juan Carlos a donné une tonalité nouvelle. En participant au XXIIème Sommet des pays de la péninsule ibérique (Andorre, Espagne et Portugal) et 18 autres pays sud-américains, qui s'est tenu à Cadix les 16 et 17 novembre, Saâd Eddine El Othmani, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, a mis en évidence la volonté du Maroc d'une part de renforcer sa participation au sein du groupement ibéro-latino-américain, ensuite d'opérer un repositionnement stratégique. Jusqu'ici, il était depuis la vingtième session de 2010 membre observateur de ce sommet qui se réunit annuellement entre vingt Etats qui ont en commun l'héritage culturel de l'Espagne, du Portugal et Andorre, mais aussi les rivages sud-Atlantiques. La question de savoir pourquoi le Maroc accélère le rythme de sa participation et disons de son intégration dans un tel groupement, tomberait presque sous le sens, tant il est vrai que les critères objectifs de son appartenance sont nombreux et divers : sa position géographique pour commencer ; ses liens historiques avec l'Espagne, le Portugal et l'Amérique latine, notamment le Brésil. Et puis , autant que les autres pays d'Amérique latine, le Maroc renforce depuis quelques années des relations économiques de plus en plus diversifiées avec l'Espagne , au point que celle-ci devient le premier investisseur chez nous, avant la France. Saâd Eddine El Othmani précise : « La participation du Maroc au 22-ème Sommet ibéro-américain est de nature à renforcer les relations de partenariat entre le Royaume et les pays de ce groupement », soulignant que le Maroc qui a pris part, pour la première fois comme pays observateur, à cette réunion, « attache une grande importance à ses relations avec les pays hispanophones, tant l'Espagne que les Etats latino-américains ». L'objectif recherché à travers cette participation, a précisé le ministre, est de promouvoir davantage ces liens de coopération dans les domaines politique, économique et culturel, rappelant que le Royaume partage des points communs avec les Etats membres de la conférence ibéro-sud-américaine. « Ce Sommet, a-t-il dit, représentait une occasion propice pour développer les contacts avec les responsables de ces pays sur les moyens de raffermir les liens de coopération bilatérale ». Le Sommet de Cadix a révélé une nouvelle carte géopolitique : le recentrage de l'Espagne et du Portugal dans l'aire sud-américaine, à un moment où, la crise aidant, ces deux pays souhaitent diversifier leurs points d'appui pour surmonter la grave récession qui les frappent. Rien n'est aussi surprenant que ce retour de manivelle, terrible coup de l'histoire : les deux plus grandes et anciennes puissances coloniales de l'Europe du XVème au XIXème siècle, se tournent vers leurs anciennes colonies d'Amérique, notamment le Brésil, pour solliciter leur soutien afin de sortir de la crise. Mais, alors, dira-t-on , quel intérêt pour le Maroc ? Il faut laisser la réponse à ce diplomate espagnol qui a préféré garder l'anonymat pour annoncer, lors de la visite de Rajoy à Rabat, « qu'un certain repositionnement s'opérait entre l'Espagne et le Maroc, notamment depuis l'arrivée du PJD au pouvoir en janvier dernier... ». Quelques uns se sont même hasardés à suggérer que les deux partis au pouvoir, le PJD et le Parti populaire espagnol cultivent les mêmes valeurs idéologiques, autrement dit de « droite » et que, similitude politique oblige, ils sont condamnés à s'entendre. Les mêmes milieux estiment que le fait de la langue espagnole, parlée dans le Nord du Maroc et au Sahara, son enseignement dans les établissements scolaires et universitaires, la croissance du nombre d'étudiants marocains dans les universités espagnoles et le développement de la coopération technique et culturelle entre les deux pays, favorisent plus qu'un rapprochement. à Rabat, mercredi, une grande cérémonie a réuni les représentants des deux pays pour finaliser un important accord de coopération dans le domaine de la justice. Le quel accord a porté sur le « Renforcement de la justice de proximité ADL 2ème Phase ». La partie marocaine était représentée par Mustafa Ramid et Nizar Baraka, et la partie espagnole, par le Directeur de Coopération pour l'Afrique et pour l'Asie de l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement, Alberto Virella. Ils sont près de 6 millions de Marocains qui parlent la langue espagnole, a souligné Saâd Eddine El Othmani, notant que la présence du Maroc à Cadix a eu pour objectif de raffermir davantage ce volet, constituante invariable des rapports en matière politique, économique et culturelle. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération n'a pas dissimulé qu'il s'agissait aussi d'une occasion « pour surmonter les difficultés qui se posent parfois avec ces pays, mettant en exergue la « ferme volonté du Royaume de hisser les relations avec eux à un niveau de partenariat gagnant-gagnant ». Aujourd'hui, le Maroc est invité à restructurer ses relations avec les pays de l'Amérique du sud, dans la foulée et dans les pas de la grande tournée que le Roi Mohammed VI avait entreprise avec succès dans ces pays en 2006. Il est à signaler, cependant, qu'un grand pays sud-américain comme le Brésil, bientôt cinquième puissance mondiale, n'a pas d'ambassadeur qui représente le Maroc...Carence, attentisme, manque de perspicacité à un moment où le jeu diplomatique se resserre ? * Tweet * *