La bande de Gaza est toujours sous les bombardements de l'armée israélienne plus de six jours après le déclenchement de l'opération « Pilier de défense ». Une situation dramatique dénoncée de part et d'autres par le monde entier. Sur le plan diplomatique, les tractations en vue d'une trêve sont toujours en cours. Des scènes apocalyptiques dans la bande de Gaza. Des bâtiments ont été détruits et des enfants ont été tués dans les raids de l'armée israélienne. Quatorze Palestiniens ont été tués hier dans la bande de Gaza au sixième jour de l'offensive israélienne sur l'enclave palestinienne. L'Etat hébreu poursuit ses bombardements par air et par mer sur Gaza. Dimanche a été la journée la plus meurtrière avec 31 Palestiniens tués, en majorité des femmes et des enfants, dont neuf membres d'une même famille dans une frappe aérienne qui a détruit un immeuble de trois étages du quartier de Nasser au nord de la ville. « Le massacre de la famille Dalu ne restera pas impuni », a réagi la branche armée du Hamas dans un communiqué. L'armée israélienne a précisé que la cible de cette attaque était Yihia Abayah, un responsable militaire du Hamas chargé des tirs de roquettes. Un porte-parole de ses porte-parole a dit ne pas savoir si Abayah avait été atteint mais a reconnu des pertes civiles. La situation est catastrophique. L'opération « Pilier de défense » entamée par Tel Aviv la semaine dernière, est la plus vaste opération israélienne contre Gaza depuis l'offensive dévastatrice de décembre 2008-janvier 2009 (Opération Plomb durci, lire aussi Memoria page 6). Le bilan des violences s'alourdit, 90 morts dont 87 Palestiniens et 3 Israéliens depuis le début mercredi de l'offensive israélienne. Outre le raid sur le quartier de Zeitun, dans la ville de Gaza, l'aviation israélienne a totalement détruit un bâtiment de la police de Gaza pendant la nuit de dimanche à lundi. Des navires de guerre ont également bombardé l'enclave pendant la nuit. Israël a mobilisé des milliers de réservistes et déployé d'importantes forces à la frontière avec la bande de Gaza. La crainte d'une opération terrestre Ce qui fait craindre une opération terrestre en dépit des tractations diplomatiques en cours en vue d'une trêve. « C'est une situation dramatique qui intervient à un moment où la région est profondément secouée par le conflit syrien. Cette situation vient plomber les espoirs de paix, de stabilité et de développement suscité par les transitions en cours dans le Monde arabe. Ces attaques israéliennes contre Gaza approfondissent les blessures d'une région ayant du mal à trouver la paix », déplore Mohamed Benhamou, le président du Centre marocain des études stratégiques, contacté par nos soins. « Israël a provoqué cette situation dans une perspective électorale », poursuit-il. Sur le plan diplomatique, la bataille se poursuit également. Le Maroc est activement mobilisé dans toutes les instances internationales et particulièrement au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies pour la « condamnation et la cessation sans condition de la lâche agression israélienne contre les populations de la bande de Gaza ». Rabat a ainsi mis sur pieds un hôpital de campagne dans la bande de Gaza. Cette unité hospitalière sera composée d'éléments des unités médicales spécialisées des Forces Armées Royales ainsi que de médecins et cadres paramédicaux civils marocains. L'unité hospitalière pluridisciplinaire et médico-chirurgicale déployée sera au service des Palestiniens affectés et veillera à renforcer les capacités médicales existantes. Le roi Mohammed VI a donné ses instructions pour que cette initiative humanitaire soit conduite de façon imminente et en coordination avec les autorités palestiniennes. La bataille diplomatique se poursuit Après le Premier ministre égyptien et le ministre tunisien des Affaires étrangères, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, doit se rendre aujourd'hui à Gaza à la tête d'une délégation ministérielle. Le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu y est également attendu dans la journée, selon l'agence de presse Anatolie. En visite au Caire, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'est prononcé pour un « cessez-le-feu synchronisé » et a appelé à la levée du blocus israélien de la bande de Gaza. L'Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas a, pour sa part, demandé dimanche la convocation d'urgence d'un sommet de la Ligue arabe en réponse à l'agression israélienne. À Ramallah, les dirigeants des mouvements palestiniens Fatah, Hamas et Jihad islamique en Cisjordanie ont appelé hier à l'unité et promis de mettre fin à la division en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza lors d'une manifestation à Ramallah. « De Ramallah, nous annonçons avec les leaders des autres mouvements que nous mettons fin à la division », a déclaré Jibril Rajoub, un haut responsable du Fatah, le parti dirigeant de l'Autorité palestinienne, devant un millier de manifestants brandissant le drapeau national palestinien. « Celui qui parlera de la division après aujourd'hui est un criminel », a assuré Mahmoud Al-Ramahi, un chef du Hamas en Cisjordanie. Compte tenu de l'intensité des tractations diplomatiques, Israël a estimé hier préférer uns solution diplomatique, mais menace toujours d'une opération terrestre en cas d'échec de la diplomatie. Interrogé à la radio israélienne sur des discussions en cours au Caire, Silvan Shalom, l'un des vice-Premiers ministres de Benjamin Netanyahu, a répondu qu'« il y a des contacts mais qu'ils sont actuellement loin d'être finis ». « Ce qui se passe actuellement à Gaza doit amener la Ligue arabe à l'éventualité de repenser la politique arabe vis-à-vis d'Israël », a conclu Mohamed Benhamou. Trois questions à Ahmed Sobh, ambassadeur de la Palestine à Rabat. « Notre première préoccupation est que l'offensive soit arrêtée » Au regard de ce qui se passe aujourd'hui à Gaza, qu'attendent concrètement les Palestiniens des pays arabes et particulièrement du Maroc ? Ce qui nous importe essentiellement aujourd'hui c'est l'arrêt de l'assaut de l'armée israélienne sur Gaza. Il faut préserver le sang des innocents. Les attaques touchent des civiles et le nombre de morts et des blessés ne cesse d'augmenter. Ce que nous attendons des pays arabes et du Maroc, en sa qualité de membre du Conseil de sécurité, est de plaider pour l'arrêt immédiat de cette offensive sur Gaza. Avec la visite prévue du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, à la bande de Gaza, nous espérons que cela se fera dans les plus brefs délais. Donc, notre première préoccupation est que l'offensive soit arrêtée. Sur un second plan, nous tenons à remercier le Maroc pour son initiative d'installer un hôpital de campagne à Gaza qui permettra non seulement de secourir les blessés dont le nombre dépasse les 1 000 mais aussi les habitants qui souffre du blocus depuis cinq années. En ce qui concerne le volet politique nous comptons sur le Maroc et les autres pays arabes. Peut-on comparer l'actuelle offensive à celle survenue en 2008-2009 sur le plan humanitaire ? Depuis 2007, Gaza a connu un blocus global au point que les pêcheurs palestiniens ne peuvent plus exercer leur métier car même les eaux de mer sont occupées. Bien que les aides soient nécessaires, la seule et unique solution est la levée du blocus. Ce qui s'est passé en 2008 se reproduit effectivement aujourd'hui. Faire couler du sang fait partie de la campagne électorale en Israël au point qu'ils ont tenté récemment de s'aventurer militairement en cherchant à attaquer l'Iran. En 2008, il y avait la campagne électorale et des raids aussi. Aujourd'hui, le scénario se reproduit, car certains pays alliés à Israël le lui permettent sous couvert du droit à la légitime défense. Or, pour nous, c'est plutôt un droit pour défendre son blocus et son occupation. Est-ce que cette crise pourrait aider à renforcer l'unité entre le Fatah et le Hamas ? Le peuple Palestinien est conscient que l'offensive Israélienne est contre l'ensemble des Palestiniens. Si les attaques touchant la bande de Gaza s'effectuent via missiles, tanks et tueries, l'agression en Cisjordanie s'effectue via la judaïsation d'El Qods, l'accaparement des terres et les colonies. L'offensive est la même, seule la manière change. Mais elle reste un moyen de réunification des mouvements palestiniens. D'ailleurs, les dirigeants de ces mêmes mouvements se sont réunis ce lundi à Ramallah appelant à l'unité et mettant fin à la division en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza. Et nous espérons que le conflit à Gaza soit réglé dans les brefs délais. * Tweet * *