Embarqué depuis quelques années dans une tournée européenne, souvent pour le meilleur (« Match point », « Vicky Cristina Barcelona », « Minuit à Paris ») et parfois pour le franchement pas terrible (« Scoop », « To Rome with Love »), l'icône new-yorkaise Woody Allen n'en continue pas moins d'être l'un des auteurs les plus [...] La cinémathèque idéale de Ali Hajji Embarqué depuis quelques années dans une tournée européenne, souvent pour le meilleur (« Match point », « Vicky Cristina Barcelona », « Minuit à Paris ») et parfois pour le franchement pas terrible (« Scoop », « To Rome with Love »), l'icône new-yorkaise Woody Allen n'en continue pas moins d'être l'un des auteurs les plus prolifiques de ces quatre dernières décennies (43 films à ce jour sans compter le reste de ses activités comme dramaturge, écrivain, acteur,...). Le jeune homme de 76 ans n'en finit pas d'épater par sa créativité, sa ténacité et son incroyable longévité. Réfléchissez-y bien... très peu de cinéastes parviennent à traverser autant d'années en maintenant une telle vitalité inventive, un pareille intelligence de propos, et une qualité d'un aussi grand niveau à leurs films (bons et moins bons compris). Pourtant, malgré toute la reconnaissance et le respect dont il jouit, Woody Allen est profondément insatisfait par la plupart de ses films et il avoue, sans fausse modestie, qu'il n'a pas encore réalisé de chef-d'œuvre, LE film parfait dont il rêve. Sa première grande réussite, « Annie Hall », réalisé en 1976, n'en est cependant pas loin, quoi qu'il en dise... C'est le film qui imposa l'image qu'on se fit de lui dans les années suivantes, celle de l'intellectuel juif new-yorkais névrosé, à l'humour irrésistible, et dont les femmes adorent l'esprit et la culture. Jusqu'alors auteur de comédies burlesques à succès qui l'ont rendu célèbre (« Prends l'oseille et tire – toi », « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander », « Bananas », « Guerre et amour »,...), Woody Allen décide de puiser dans sa vie privée pour écrire « Annie Hall », quasi journal intime qui relate sa relation avec Diane Keaton (dont le vrai nom est Hall, Annie étant son surnom). Acclamé par la critique lors de sa sortie, le film remporte un très vif succès commercial ainsi que quatre oscars : meilleur film, meilleur scénario, meilleur réalisateur et meilleure actrice. A New York, dans les années 70, Alvy Singer (Woody Allen) est un comique tout juste quadragénaire et juif, en pleine ascension professionnelle et déjà deux fois divorcé. Lors d'une partie de tennis organisée par son meilleur ami, il fait la connaissance d'une jeune femme pleine de vitalité et de charme, Annie Hall (Diane Keaton). Il est issu d'un milieu modeste et bruyant, elle vient de la bonne bourgeoisie américaine, blanche et organisée. Il est névrosé, obsédé par le sexe et la mort, brillant et très cultivé, elle est jolie, un peu naïve et ignorante ... Tout les oppose, c'est le coup de foudre immédiat ! La relation va se détériorer à mesure que la jeune femme prendra de l'assurance sous l'impulsion de son amant, qui l'encourage à entamer une psychanalyse et à prendre des cours de culture générale. A sa sortie, « Annie Hall » est considéré comme le film le plus sincère et le plus personnel de son auteur. C'est aussi le film qui réinventa les codes de la comédie romantique urbaine en ayant recours à tout un catalogue de procédés (personnage qui parle directement à la caméra, split-screen, les passants qui commentent la relation entre les deux personnages,...). « Annie Hall » cumule surtout toutes les possibilités offertes au cinéma pour nous faire rire. Le film est drôle de bout en bout. Malgré qu'après la scène finale, une certaine mélancolie pointe le bout de son nez. Et c'est là la principale réussite du film, rester léger tout en provoquant des sentiments profonds… * Tweet * *