C'est par une émouvante cérémonie que Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée des Français de l'étranger a clôturé sa visite de trois jours au Maroc. Après avoir eu divers entretiens à Rabat, reçu les chefs d'entreprises français à Casablanca, participé aux travaux du Womens Tribune à Essaouira, elle s'est rendue dimanche au café Argana de Marrakech. Hélène Conway-Mouret lors de son entretien avec le Chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Autant dire, que sa visite était ponctuée à un rythme d'enfer, comme on dit. C'est le quatrième ministre français qui se rend au Maroc depuis l'arrivée de François Hollande à la tête de l'Etat. Cette visite était placée sous le signe de la construction de l'espace méditerranéen, selon le vœu de François Hollande, président de la République française. Celui-ci entend relancer le projet de l'UPM, et le Maroc prend une place importante dans cette relance, compte tenu aussi du fait que le secrétariat général est assuré par un Marocain, Fathallah Sijilmassi. Ère nouvelle après l'annulation de la circulaire «Guéant» Comme le soutient Yann Battefort, conseiller de la ministre française, cette « visite relève d'une intimité politique franco-marocaine » qui ne s'est jamais démentie. Et de soutenir : les présidents en France changent, mais la réalité politique et humaine demeure inchangée. Fortes de cette dimension, les relations des deux pays sont soumises toutefois à une autre réalité : la conjoncture économique, marquée par la crise, les problèmes de l'émigration qui, dans la foulée, posent les questions du flux migratoire et des visas. Le gouvernement de François Hollande s'est attelé dès son installation à supprimer la tristement célèbre circulaire Guéant, du nom de l'ancien ministre de l'Intérieur de Nicolas Sarkozy. Signée le 31 mai par Claude Guéant, ministre de l'Intérieur, et Xavier Bertrand, ministre du Travail, la circulaire visait à « réduire l'immigration professionnelle » et les chances des diplômés étrangers. Elle était violemment critiquée, y compris au sein de la majorité de l'époque, parce qu'elle alourdissait les procédures de changement de statut auxquelles les étudiants étrangers non européens devaient se soumettre. Comme il a été souligné « la majorité des demandes de visa de travail présentées en préfecture par les diplômés étrangers formés en France sont désormais refusées alors que ces demandeurs ont signé un contrat de travail ou créé une entreprise ». Les responsables , à quelque niveau que ce soit, estiment que « la circulaire suscite l'incompréhension et la colère de grands patrons, des syndicats, de la Conférence des grandes écoles et Conférence des présidents d'universités ». La voilà bel et bien enterrée. Voilà surtout enterrée, nous dit la ministre française ce sinistre « test historique » que la droite française a institué en préalable à la demande de nationalité française. Un véritable « chemin de croix » ! Et Mme Hélène Conway-Mouret s'est fait un devoir politique de le rappeler à ses interlocuteurs marocains. La problématique du retour au pays natal a été également traitée avec l'objectif de faciliter le « rattachement scolaire » aux enfants. Outre les questions d'embauche,de contrats CDI, la ministre a également abordé l'immigration à l'inverse, autrement dit française vers le Maroc. La ministre estime que « les 45.000 français établis dans le Royaume «n'ont aucun souci d'installation», rappelant que «le Maroc, un pays où règnent la sécurité et la paix, est l'une des destinations prisées par les français avec près d'un million de touristes annuellement ». Elle a souligné également que de plus en plus de retraités ont pris et prennent la décision de s'installer au Maroc, car ils bénéficient de conditions avantageuses en termes de sécurité et de qualité de vie. Le Maroc est le seul pays où existe une « Maison du retraité français » ! La Commission mixte en décembre Elle est d'autant plus significative que beaucoup de français ont pris la décision de s'expatrier et le goût de choisir le Maroc pour s'y établir. On parle de la coopération entre les deux pays comme d'un champ privilégié. Toutes ces questions, comme celle aussi des frais de scolarité élevés pour l'accès à l'école française, feront l'objet approfondi lors de la Haute commission maroco-française prévue pour décembre prochain et présidée par les deux chefs de gouvernement, Abdelilah Benkirane et Jean-Marc Ayrault.A coup sûr, et la ministre déléguée chargée des Français à l'étranger l'a réaffirmé, « le Maroc constitue un cas à part dans la vision diplomatique française » ! On estime que l'apport de la France au Maroc, par le biais d'accords de coopération et de présence économique et industrielle, est en hausse constante. Et de rappeler que la France maintient le montant d'investissement au Maroc, de l'ordre de 9 milliards d'euros. Le Maroc abrite les plus importants établissements scolaires français, le plus grand nombre de consulats généraux, 6 répartis dans les villes du Royaume, la plus grande communauté française à l'étranger. Les établissements scolaires français comprennent 2/3 de marocains et 1 tiers de français. C'est une coopération maroco-française qui est décidément relancée sur des chapeaux de roue. En dépit des changements politiques qui s'opèrent ici comme là-bas, la même vision de développement est partagée. * Tweet * *