Le rapport de Juan Mendez, l'envoyé spécial des Nations Unies, est comme le verre à moitié vide pour les uns ou à moitié plein pour les autres. S'il faut se féliciter de la baisse du recours à la torture, il faut condamner avec la plus grande fermeté le moindre acte d'avilissement et expliquer à ses [...] Le rapport de Juan Mendez, l'envoyé spécial des Nations Unies, est comme le verre à moitié vide pour les uns ou à moitié plein pour les autres. S'il faut se féliciter de la baisse du recours à la torture, il faut condamner avec la plus grande fermeté le moindre acte d'avilissement et expliquer à ses auteurs le côté inhumain, contre-productif et blâmable de leurs gestes. Surtout que dans leur grande majorité, les actes répertoriés relèvent davantage de brimades et d'humiliation que de torture visant à obtenir des aveux ou des éléments pour préserver la sécurité nationale ( ce qui ne légitimerait en rien ces pratiques barbares). Le recours à la torture, sous quelque forme que ce soit est l'aveu d'impuissance de forces de l'ordre trop zélées, qui se permettent de bafouer la loi au nom d'une certaine culture du résultat et grâce à l'impunité qui leur est octroyée de fait, en complète contradiction avec la nouvelle Constitution. Hélas, quand, depuis les tragiques événements de septembre 2001, les pays à la pointe de la lutte pour la dignité humaine légitiment la torture, les autres pays s'engouffrent dans la brèche créée par cette «jurisprudence», confortés dans leur schéma par la sous-traitance dans des prisons secrètes des actes réprouvés par les systèmes juridiques des Parangon de la Démocratie. Mars 2013, le rapport qui se sera présenté à Genève sera une tâche sur la réputation d'un pays où toutes les réformes engagées depuis 13 ans seront balayées par les agissements d'une minorité. Les efforts qu'il va falloir déployer pour en minimiser l'impact sont sans commune mesure avec les dégâts occasionnés par quelques fonctionnaires déviants. Tant bien même, puisque-là est l'enjeu de l'invitation par le gouvernement Benkirane de Juan Mendez, que le Maroc récupère le siège de la Libye au sein du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, comment prêcher ce que l'on ne fait pas chez soi ? Comment éviter que la question de la torture et des droits de l'Homme ne soit décrédibilisée par les agissements de ses défenseurs supposés ? Le rapport du CNDH présenté il y a quelques jours doit absolument s'accompagner d'un plan d'actions concrètes et mesurables pour documenter la tendance jusqu'à l'éradication totale de la torture. * Tweet * *