Après Lesieur et Centrale Laitière, c'est au tour de BIMO de changer d'actionnaire. SNI cède ses 50% de BIMO au géant Kraft foods pour 1,31 milliards de dirhams. Dans un rituel qui commence à être bien rôdé, la SNI a adressé un communiqué à la presse pour annoncer la réalisation de la transaction en communiquant tous les éléments nécessaires. Au niveau de la forme, SNI a tenu à ce que l'annonce parte du Maroc et après la communication aux salariés locaux. S'inscrivant dans la stratégie de désengagement initiée en 2008 et détaillée en mars 2010, cette opération est un succès sur toute la ligne. En acquérant les 50% restant de BIMO, Kraft, partenaire historique, confirme l'attractivité du Maroc, y compris en cette période de crise internationale où la plupart des investissement sont gelés ou reportés à des jours meilleurs. Contacté par Le Soir échos, un représentant de la multinationale qui a géré le dossier nous a confié : « Le Maroc est un pays stable et moderne, qui possède une main d'œuvre qualifiée, ce qui encourage et attire les investissements étrangers, tout en conservant des fondamentaux économiques sains. Nous bénéficions de plus d'une croissance régulière du PIB et de la stabilité monétaire. Deuxièmement, BIMO nous donnera le leadership sur le marché marocain des biscuits. Ce qui cadre parfaitement avec notre stratégie de leader mondial de la biscuiterie. Avec nos activités déjà existantes au Maroc, nous mettrons à profit notre force et Kraft Foods deviendrait un important acteur, avec des avantages significatifs pour BIMO et pour l'économie locale. » Enfin, cette opération va permettre une complémentarité idéale entre le leader marocain de la biscuiterie et le leader mondial des biscuits. Ainsi en une année, ce sont 3 leaders mondiaux qui ont sauté sur l'occasion de renforcer leur présence au Maroc, confirmant la place de notre pays sur le continent africain. Les tractations qui auront duré plusieurs mois ont permis à SNI de valoriser au mieux leur participation dans BIMO et de retenir la meilleure offre sur la base de la combinaison entre la qualité de l'acteur retenu, la stratégie proposée et l'offre financière. Le choix de Kraft s'est donc imposé facilement face à d'autres offres d'acteurs internationaux, notamment turcs. Malheureusement, aucune offre marocaine sérieuse n'a été soumise. Historiquement, BIMO, créée en 1981 a été racheté par le groupe ONA en 1999. A l'époque Danone et ONA se partageaient l'activité biscuits et produits laitiers. Parallèlement, Kraft s'installe au Maroc dès 2001 avec le rachat du leader du café au Maroc, les cafés Ennasr. En 2007, Kraft rachète l'activité biscuits mondiale de Danone et hérite dans son escarcelle de la participation dans BIMO. Dès son arrivée, mais surtout dès l'annonce par SNI-ONA de sa volonté de se désengager pour se focaliser sur sa nouvelle vocation de holding d'investissement, Kraft fait part de sa volonté de se renforcer dans BIMO. En 2011, la présence de Kraft est renforcée par un autre deal international, à savoir l'acquisition d'un géant du chocolat. Cadbury, dont la filiale marocaine est intégrée dans le périmètre du géant de l'agroalimentaire. En devenant actionnaire unique de BIMO, Kraft élargit sa gamme de produits grâce à des marques incontournables sur le marché marocain comme Tagger, Merendina, Tango, Tonik, Pépito, Golden, Prince… La plateforme industrielle, unique dans la région, associée à la force de frappe de Kraft pourrait contribuer à ouvrir de nouveaux marchés à des produits dont la qualité est reconnue, mais aussi dont le coût de revient est maîtrisé pour que le prix du produit final soit adapté aux marchés émergents. « Le 1er octobre lorsque nous deviendrons Mondelēz International, la région Moyen Orient et Afrique (MEA) représentera 10% du développement total du marché international (avec un chiffre d'affaires de 16 milliards $). Dans le développement des marchés, et comme l'indique le graphique ci-dessus, le chocolat représentera 29%, les biscuits 22% et les bonbons et chewing-gums 20% du chiffre d'affaires global. » Quant aux motivations du géant mondial, « Notre intérêt découle du fait que nous avons déjà une importante présence au Maroc. Le Maroc dispose d'une main d'œuvre qualifiée, encourage les investissements étrangers et se dirige vers une économie ouverte, avec un accès facile à l'Europe, l'Afrique et les pays arabes. En plus, il possède des relations économiques et culturelles solides avec l'ensemble de la région MEA. Nous prévoyons une convergence vers une zone potentielle de libre-échange dans le moyen et long terme, ce qui permettra de faire du Maroc un hub pour les opérations de l'Afrique du Nord. Bien que nous ne puissions pas fournir de chiffres exacts, nous avons l'intention de continuer à investir dans BIMO pour assurer sa continuelle croissance, son futur succès avec une contribution positive dans l'économie marocaine. » Avant de conclure « Nous pensons que le marché marocain n'a pas encore atteint sa vitesse de croisière, et ainsi il présente un potentiel de croissance dans le court, moyen et long terme. »