Les conditions de vie de la population palestinienne se dégrade de jour en jour. Jean-François Legrain, spécialiste de la Palestine, revient sur les causes et les conséquences de cette situation. Dans la bande de Gaza, la population vit dans des conditions difficiles. La situation socio-économique en Palestine est l'une des plus pénibles. chômage, et pauvreté font partie du quotidien de la population, qui vit dans des conditions difficiles. Cette situation est notamment due au blocus imposé par Israël à Gaza depuis que le Hamas a pris le contrôle du territoire. Dans un rapport publié il y a quelques mois par l'Organisation Internationale du Travail 222.000, personnes étaient sans emploi en 2011 alors que plus de 70% de la population est âgée de moins de 30 ans. L'OIT avait décrit la situation comme étant « extrêmement préoccupante » et avait appelé à agir d'urgence. Elle avertissait que le taux de chômage qui est de 21% et la montée des frustrations liées au blocage du processus de paix pourraient donner naissance à une multiplication d'actes désespérés. Comme l'illustre l'acte désespéré d'Ihab Abu Nada , un jeune palestinien de 21 ans qui s'est immolé par le feu à Gaza il y a quelque jours. Deux autres personnes ont également essayé de s'immoler en Cisjordanie. l'avis de … Jean-François Legrain chargé de recherche au CNRS en France et spécialiste de la Palestine, Quelle analyse faites-vous de cette situation? L'économie palestinienne est en grande partie sous le contrôle des Israéliens, qui contrôlent l'ensemble des points d'entrée et de sortie des territoires, y prélèvent des taxes, qu'ils remettent ( ou pas) ensuite aux autorités palestiniennes. Un constat fondamental, au delà de l'humanitaire, doit être établi. Pour la première fois avec cette ampleur, les questions sociales et économiques prennent le pas sur la question nationale. L'Organisation de libération de la Palestine et l'Autorité palestinienne à l'époque de Yasser Arafat préservaient la priorité de la libération en distribuant des aides financières, ce qui désamorçait les luttes sociales. En Cisjordanie, la politique né libérale du Premier ministre Salam Fayyad est en vigueur, imposée par les donateurs internationaux. A Gaza, outre les conséquences du blocus, l'enrichissement d'une catégorie minoritaire issue de l'économie des tunnels, n'améliore en rien la situation actuelle. Cette situation va-t-elle provoquer une révolte sociale ? La situation est un nœud explosif, mais je ne pense pas qu'elle provoquera en l'état actuel des choses, une troisième Intifada contre l'occupation. La seule porte de sortie serait la fin de l'occupation israélienne. Tant qu'il y a occupation, il n'y aura pas d'avancée dans l'économie palestinienne. Depuis 1994, la communauté internationale a pris en charge les frais de l'occupation. Ses mesures ne peuvent convenir sur la longue durée puisqu'elles ne remettent pas en question l'occupation et ne permettent pas le développement d'une économie « normale ». La lutte pour la libération nationale ne semblant plus aujourd'hui constituer la priorité pour les populations, les revendications économiques se retournent contre les deux autorités, Hamas et Fatah à Gaza et en Cisjordanie. * Tweet * *