L'étude récente du groupe AXA Investment Managers, « Du printemps à la renaissance arabe », démontre comment les pays du Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MOAN) peuvent profiter du printemps arabe pour réaliser des réformes structurelles dans leurs économies, tout en suivant le modèle turc. Lecture. Pour les économies de la région MENA, les réformes structurelles touchant l'emploi permettront de créer chaque année 4,5 millions d'emplois. Si le printemps arabe a contribué à la chute de dictateurs, il a également révélé plusieurs dysfonctionnements dans les économies de certains pays arabes. En effet, les économies du Moyen-Orient et des pays de l'Afrique du Nord (MENA) se caractérisent par trois maux, à savoir la dépendance à l'exportation de matières premières, aux transferts d'argent de l'étranger et à l'aide internationale et d'une administration omnipotente qui étouffe l'esprit d'entreprise. Partant de ce constat, les rédacteurs de l'étude « du printemps à la renaissance arabe » auprès d'Axa Investment Managers ont estimé que ces pays auront beaucoup à gagner s'ils suivent le modèle turc. « Nous considérons que l'exemple turc fournit un bonne feuille de route pour les pays du printemps arabe, donnant des indications sur la dynamique et l'envergure des réformes structurelles nécessaires pour atteindre un PIB par habitant élevé », déclarent-ils. Trois ans pour que le Maroc converge avec la Turquie Selon la même source, il faudrait 20 ans à l'Egypte pour réduire de moitié son écart avec la Turquie, et 14 ans pour l'Iran. La convergence est plus rapide pour la Jordanie et l'Irak, avec des demi-périodes de 6 et 7 ans. Celle-ci tombe à 3 ans pour le Maroc, le Yémen et l'Algérie et à 2,5 ans pour la Tunisie et la Syrie. Pour cette dernière catégorie, il est possible que l'effort de réformes structurelles à mettre en œuvre pour converger vers la Turquie soit moindre que pour les pays plus lents. Pour un modèle de croissance plus inclusif « Les politiques économiques devront viser un modèle de croissance plus inclusif, où les effets positifs des réformes touchent une plus large fraction de la population, à la différence du passé. Les nouveaux dirigeants devront faire baisser le chômage de façon importante et pérenne », d'après l'étude. D'ailleurs, selon la Banque mondiale, les pays qui ont engagé ce type de réformes ont, en moyenne, ramené le taux de chômage de 14,5 % à 8,8 % en trois ans, et à 7,1% dans les quatre années suivantes. Ces réformes profondes qui touchent à l'emploi, viennent avec un relèvement du niveau du PIB de 2 % et une montée du taux d'investissement. Pour les économies de la région MENA, ces efforts apparaissent comme la seule voie susceptible de créer chaque année les quelques 4,5 millions d'emplois nécessaires pour absorber la croissance de la population active et faire baisser le chômage des jeunes. L'ouverture des frontières aux échanges devient urgente En parallèle, en ouvrant leurs frontières aux échanges, les pays de la région stimuleront le commerce régional et diversifieront leurs modèles de croissance trop dépendants des matières premières. Un cercle vertueux s'enclenchera alors grâce à une croissance interne, réduisant ainsi la dépendance aux aides étrangères. Par ailleurs, le développement des relations commerciales régionales contribuent à la réduction des budgets de défense, aujourd'hui les plus élevés du monde s'ils sont mesurés par habitant. Ainsi, les ressources publiques pourront être réallouées vers des usages plus productifs. Enfin, les politiques de redistribution du revenu devront être profondément réformées, de façon à augmenter l'efficacité de la dépense publique. La redistribution traditionnellement favorisée dans les pays de la région Mena se fonde sur des prix subventionnés pour l'alimentation et l'énergie chez les importateurs de pétrole, et des salaires élevés dans le secteur pétrolier chez les exportateurs. De ce fait, les importateurs ont accumulé des déficits publics élevés et les exportateurs sont affectés par la volatilité des cours mondiaux, qui peut même rendre leur situation budgétaire précaire. En conclusion, « les économies de la région MENA ont le potentiel pour relever leurs PIB par habitant à un niveau similaire à celui de la Turquie, pour peu que le printemps arabe soit propice à des réformes structurelles d'ampleur visant à une croissance de l'emploi forte et durable. Il en résulterait un paradigme de croissance à la fois plus inclusif socialement et plus durable », conclut l'étude. Stimuler les échanges régionaux « L'absence d'initiative privée et les rivalités politiques entre pays arabes ont réduit le commerce intra-régional à la portion congrue, un comble pour une région réputée pour les talents commerciaux de ses habitants, et qui occupe une position stratégique au carrefour de l'Orient et de l'Occident. Notons qu'aucun pays du MOAN n'est enclavé et que tous ont donc accès au commerce maritime », révèle l'étude. De plus, malgré ces atouts, le commerce intra-régional ne représente en moyenne que 8 % des exportations en 2000, tandis que les importations en provenance des pays en développement hors MENA atteignent 26 % du total des importations. * Tweet * *