Le 16e sommet du Mouvement des Non-Alignés, créé en 1961, débute ses travaux aujourd'hui à Téhéran. L'Iran, qui est sous les sanctions occidentales et qui prendra les rênes du mouvement pour les trois prochaines années, attend un soutien ferme de la part des Etats membres. Ahmadinejad, président de ce 16e sommet du Mouvement des Non-Alignés à Téhéran. Les travaux préparatoires en prélude au sommet du mouvement des Non-Alignés à Téhéran ont commencé dans la capitale iranienne depuis mardi. Mais c'est aujourd'hui que s'ouvre le sommet qui va rassembler des dizaines de chefs d'Etat pendant deux jours à Téhéran. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon est présent depuis hier à Téhéran pour ce 16e sommet des pays non-alignés, en marge duquel il doit demander aux principaux dirigeants iraniens des progrès sur la question nucléaire, selon le site officiel du gouvernement iranien. Les Etats-Unis et Israël ont exprimé des réserves sur cette visite, qui donne du relief à un événement diplomatique largement exploité par l'Iran pour tenter de rompre l'isolement dans lequel les Occidentaux cherchent à le confiner en raison de son programme nucléaire controversé. Ban Ki-moon a toutefois décidé de se rendre à Téhéran pour « transmettre les inquiétudes et les attentes de la communauté internationale sur des sujets sur lesquels il est urgent de coopérer et de progresser, à la fois pour la stabilité régionale et pour le bien-être du peuple iranien », a expliqué Farhan Haq, un porte-parole de l'ONU. Le secrétaire général des Nations-Unies a rencontré hier le guide suprême iranien Ali Khamenei, le chef d'Etat Mahmoud Ahmadinejad, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale Saïd Jalili, de même que le négociateur iranien sur le dossier nucléaire et le président du Parlement Ali Larijani, selon les médias iraniens. Plusieurs dossiers au menu des discussions Une trentaine de chefs d'Etat ou de gouvernement et les délégations d'une centaine de pays participent à cette grand-messe des Non-Alignés. Un sommet qui représente un enjeu de taille pour l'Iran au moment l'étau se resserre de plus en plus sur le pays à cause de son programme nucléaire controversé qui lui valu de nombreuses sanctions économiques de la part des Occidentaux. Les autorités iraniennes ont d'ores et déjà manifesté leur souhait d'obtenir un grand soutien de la part des pays non-alignés à l'issue de ce sommet. Le chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi, a appelé les Non-Alignés à s'opposer aux sanctions internationales frappant l'Iran pour son programme nucléaire controversé. « Le Mouvement des Non-Alignés devrait s'opposer sérieusement aux sanctions unilatérales de certaines nations contre certains de ses membres », a-t-il déclaré, défendant le droit de son pays de posséder l'arme nucléaire. Aussi, a-t-il demandé au sommet de « prendre des mesures effectives contre les actions terroristes menées par des gouvernements avec le soutien des puissances occidentales », faisant allusion à l'assassinat de plusieurs scientifiques nucléaires iraniens depuis 2010. Cependant ce n'est pas tout. La réforme de l'ONU, le soutien à la cause palestinienne et surtout la crise syrienne feront de même part des discussions des chefs d'Etat et de gouvernement présents dans la capitale iranienne. Condamnation Le document final de 200 pages, qui sera adopté à la fin du sommet demain, « condamne fermement les sanctions, pressions et menaces unilatérales » dont plusieurs pays de l'organisation font l'objet de la part des Occidentaux et de leurs alliés. Il dénonce également toute forme de sanctions économiques, pressions politiques ou actions militaires unilatérales, incluant les attaques préventives dont l'Iran a été menacé par Israël ou les Etats-Unis. Dans ce document, les Non-Alignés réclament une « démocratisation » du Conseil de sécurité de l'ONU. Ils réaffirment leur soutien à la création d'un Etat palestinien dans les frontières internationales de 1967 et condamnent la politique de colonisation d'Israël dans les territoires palestiniens. Les quelques 35 chefs d'Etat devraient aussi, à l'issue de ce sommet, appeler au désarmement et à la création de zones dénucléarisées, notamment au Moyen-Orient. Ils insisteront de même sur la nécessité de trouver une solution à la crise syrienne qui s'enlise de jour en jour et fragilise la région. Le plaidoyer du Maroc Le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération, Youssef Amrani, a plaidé mercredi à Téhéran pour un modèle de gouvernance cohérent et rénové capable d'apporter des solutions intégrées aux problèmes auxquels le monde fait face aujourd'hui. Dans une intervention devant les ministres des Affaires étrangères du Mouvement des Non-Alignés, dans le cadre d'un dialogue interactif, Amrani a indiqué que le monde connaît, aujourd'hui, des mutations profondes et des bouleversements sans précédent, affectant non seulement les Etats individuellement, mais également la paix et la stabilité mondiales, précisant que les dangers, qui pèsent sur la paix et la sécurité mondiales ne sont plus liés aux seuls conflits armés ou la menace terroriste, mais ont désormais, et de plus en plus, des origines économiques, sociales et environnementales. Enfin, Amrani a plaidé pour que les initiatives de réforme privilégient le renforcement du rôle de l'Organisation des Nations Unies, en tant qu'institution fédératrice et cadre fondamental de l'action collective pour relever les défis liés à la réalisation du développement humain.