Le sidérurgiste Sonasid a publié récemment un profit warning. Le management s'attend à un recul des résultats au terme de premier semestre de l'année en cours. À fin mai, les importations ont atteint 91 000 tonnes, presque le niveau enregistré sur toute l'année 2011 qui est de 112 000 tonnes. Les résultats du sidérurgiste Sonasid au terme du premier semestre de l'année en cours ne seront pas à la hauteur des attentes des prévisions et sont en retrait par rapport au premier semestre de 2011. Rassurant les actionnaires, Ayoub Azami, directeur général de Sonasid a tenu à préciser vendredi, lors d'une conférence de presse, que « la société n'est pas déficitaire mais est impactée par le poids de la concurrence étrangère et la situation financière de sa filiale Longométal Armatures ». Longométal pâtit sur les résultats Pour ce premier semestre le poids de la situation financière de la filiale est plus pesant mais « n'est pas aussi conséquent pour plonger les résultats », souligne Azami. En effet, Sonasid, suite à un audit, a entamé des poursuites à l'encontre du management de l'époque et a lancé un plan de redressement de l'activité qui sera finalisé en 2013. Entre-temps, les pertes du passif et qui remontent à 2009 devront être comptabilisées. En 2011, ces provisions ont atteint 25 millions DH. Par ailleurs, le management précise que l'impact de la situation de Longométal ne devra pas s'étaler au-delà de 2013. En revanche un autre facteur risque d'altérer l'activité de Sonasid. L'import véritable souci Depuis l'ouverture des frontières en vertu de l'accord de libre-échange avec l'Union Européenne dès le début de l'année en cours, les importations de ronds à béton et de fil machine ont progressé de manière exponentielle au point d'atteindre une part de marché de 20%. Sonasid résiste à ce jour en maintenant sa part en ronds à béton à 50% mais demeure craintive à l'égard du risque que présente cette concurrence européenne. En effet, le Maroc connaît déjà une situation de surcapacité avec 2,3 millions tonnes de capacité installée pour une demande interne de 1,6 million de tonnes. La concurrence que mène les pays étrangers et notamment ceux du Sud de l'Europe se trouvent eux aussi dans une situation de surcapacité de production et cherchent absolument à écouler ce surplus impliquant une pression à la baisse sur les prix sur le marché marocain impactant les marges du sidérurgiste. La consommation dans l'Espagne, principal concurrent ne dépasse plus les 1,3 million tonnes pour une capacité de 2,9 millions tonnes pour le fil machine et une consommation de 1,9 million tonnes de ronds à béton pour une capacité de 5,8 millions tonnes amenant le taux d'utilisation des capacités de production à 47 %. Au Portugal, la configuration est similaire. 200 000 tonnes de fil machine et 350 000 tonnes de ronds à béton sont surproduites chaque année. Impact important A fin mai, les importations ont atteint 91 000 tonnes, presque le niveau enregistré sur toute l'année 2011 qui est de 112 000 tonnes. La croissance des importations du fil machines ont progressé de 192 % entre janvier et avril de l'année en cours tandis que le ronds à béton a avancé de 498 % sur la même période. L'impact sur la balance commerciale de 2012 est estimé à près de 1,8 milliards DH. Par ailleurs, hormis la forte croissance des importations, le marché national connaît une tension sur les liquidité, et des difficultés de recouvrement qui entache la trésorerie des entreprises. En effet, la situation financière fragile de certains acteurs conduit à une montée de l'informel ce qui perturbe davantage les prix dans un marché en surcapacité qui ‘a évolué que de 4 %. La situation conduirait nécessairement à une normalisation du secteur en terme de marge qui n'est que de 3 à 4 % à l'international. L'enjeu pour Sonasid sera encore plus prononcé au cours du second semestre. Dans une telle situation, le directeur a précisé que sa société « sera obligée de suivre et de garder ses clients tout en veillant à ce que les prix ne soient pas très stables. Il faudra jouer sur la volatilité des prix. Six semaines s'écoulent entre la passation de la commande d'import et sa réception et si l'importateur n'est pas sûr du prix auquel il va vendre les importations se verront réduites ». Sonasid doit faire face à une situation qui n'est plus nouvelle non seulement pour elle mais pour toute l'économie marocaine. * Tweet * *