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Le témoignage déchirant de la romancière syrienne Samar Yazbek
Publié dans Le Soir Echos le 13 - 08 - 2012

« Je ne pouvais pas imaginer que les assassins poussaient dans les rues comme des arbres... », écrit la romancière syrienne Samar Yazbek, désormais réfugiée en France, dans Feux croisés-Journal de la révolution syrienne (Buchet-Chastel, 2012), traduit de l'arabe par Rania Samara. Il s'agit d'un journal tenu entre le 25 mars 2011, Vendredi de la Fierté, et le samedi 9 juillet 2011. C'est un livre déchirant, écrit en tremblant et sans trembler, ce qui explique qu'on lise sous la plume de Samar Yazbek : « Je suis le roman le plus authentique je pourrais écrire » ou encore « Je suis une intruse parmi les miens et jusque dans mon propre lit ». Elle décrit « les chabbiha qui tirent sur les minarets des mosquées » et la tragédie que vit son pays lui inspire une conviction désespérée : « Chaque jour, je m'inclinerai un peu plus devant vous, courageux Syriens, jusqu'à ce que mes lèvres touchent la terre faite de vos restes. Je ne cesserai d'avoir honte de mon sang qui circule en pensant au froid qui a figé vos traits, une seconde après la rencontre d'une balle avec votre poitrine. Ces souvenirs me tueront... Les photos des morts aussi. Je le sais pertinemment ». Après avoir écrit sur sa page Facebook : « Notre grand-père, Aziz Bey Hawach, était le leader qui a refusé la création d'un Etat alaouite, proposée par le mandat français, afin de préserver l'unité de la Syrie. (...) N'oubliez jamais que vous êtes les descendants de la vérité, nom de la duplicité », la romancière a été inondée d'insultes. Un « grand officier » auprès duquel elle est conduite lui assène une gifle retentissante : « Il m'a craché dessus : “ T'es qu'une galeuse !“ » . La voici menée dans une cellule : « Leurs mains étaient accrochés à des chaînes, écrit-elle de trois jeunes suppliciés, leurs orteils touchaient à peine le sol, leur sang coulait, du sang frais, du sang desséché (...). Evanouis, ils se balançaient comme des bêtes égorgées et pendues à des crochets dans un abattoir ».
Feux croisés, journal de la révolution syrienne documente ainsi la bestialité de la répression. L'écrivaine raconte le comment de sa propre résistance au bandeau noir : « je le traitais avec mépris. Je m'imaginais comme une femme de papier, non de chair et d'os, j'imagine que je lisais l'histoire d'une femme ayant un bandeau sur les yeux... ». Hélas, le peuple syrien n'a-t-il pas aujourd'hui le sentiment que c'est le monde qui a un bandeau sur les yeux ? Un journaliste qui a traversé le siège de Deraa rapporte à Samar Yazbek ce que lui a dit un notable des enfants arrêtés, torturés, sodomisés. Comme la romancière refuse de se taire sur les massacres et de se dédire, elle reçoit des menaces furieuses au téléphone : « Si tu ne disparais pas de toi-même, c'est moi qui vais te supprimer de la surface de la terre ! » Malgré les menaces qui pèsent sur elle, Samar Yazbek écrit sur sa page Facebook pour clarifier son attitude et celle des intellectuels alaouites : « Si nous devons payer de nos vies une parole de vérité, ce serait notre destin... ». Un jeune homme lui raconte : « Cent mille hommes environ sont venu de Harak, torse nu, pieds nus. L'armée a tiré sur eux, les habitants ont ouvert leurs portes pour les cacher ». C'est le courage quotidien que salue Samar Yazbek tandis que l'horreur empire. A Jisr al-Choughour, les soldats qui ne se sont pas suicidés ou qui ont refusé de tirer sur les manifestants ont tous été liquidés, telle est l'information que relaie Samar Yazbek une semaine après le « Vendredi des Enfants de la liberté » où « plus de soixante victimes sont tombées à Hama, rappelant le massacre ordonné en 1982 par le président Hafez al Assad ». Feux croisés journal de la révolution syrienne délivre des témoignages cauchemardesques mais le peuple syrien démontre que la peur d'être assassiné ne broie pas sa détermination. L'intellectuelle alaouite Samar Yazbek note : « Les gens qui sortent dans la rue pour revendiquer leur liberté ont pris de l'avance sur l'élite... » et elle montre que la révolution syrienne n'est pas une guerre intracommunautaire. Un trimestre après la publication de Feux croisés- journal de la révolution syrienne, Samar Yazbek qui vit désormais à Paris a répondu aux questions de Sélim Nassib dans le numéro d'août 2012 du mensuel l'Impossible : « Il y a au moins vingt mille morts aujourd'hui. Il pourrait y en avoir soixante mille d'ici les élections américaines, en novembre. (...) Aujourd'hui, les gens résistent, s'entraident, combattent les divisions. Jusqu'à quand ? Ils sont complètement isolés, les rues de Damas sont pleines de réfugiés, de femmes, de veuves avec leurs enfants. Et il n'y a plus de nourriture ». Cette tragédie va-t-elle continuer sous les yeux aveugles du monde ? Qui peut oser encore prétendre qu'il n'y a rien à signaler et personne à secourir ?

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