La Banque centrale européenne était hier au centre de toutes les attentions à l'occasion de son sommet qui devait statuer sur le sort de l'euro. Le Premier ministre espagnol (à droite) et son homologue italien, Mariano Monti, discutent avant de tenir une conférence de presse, le 2 août à Madrid. Les fortes secousses que subit l'euro depuis des mois font craindre l'implosion de la monnaie unique. La crise de la dette qui a embrasé l'Europe n'en finit pas de faire des victimes. Ainsi, pour trouver des solutions afin de limiter l'hémorragie, la Banque centrale européenne(BCE) s'est réunie en sommet hier. Une réunion qui a suscité beaucoup d'espoir de la part des marchés dans la mesure où Mario Draghi, le président de la BCE, annonçait depuis quelques jours que son institution se tient prête à faire tout ce qu'il faut pour sauver la monnaie unique. Les dirigeants européens, de leur côté, se sont également dits optimistes quant au sort de l'euro. Mercredi, la veille du sommet crucial de la BCE, le président français, François Hollande et son homologue américain, Barack Obama, ont eu un échange téléphonique au cours duquel les deux chefs d'Etat ont réaffirmé leur intérêt commun à la croissance en Europe et à la stabilité de la zone euro, nécessaires à la reprise de l'activité économique mondiale, a indiqué l'Elysée dans un communiqué. Espoir Le président français a insisté sur la volonté de la France de mettre en œuvre, avec ses partenaires de l'Union européenne, les décisions prises par le Conseil européen des 28 et 29 juin derniers. «Les dispositifs et instruments prévus à cette occasion doivent pouvoir être utilisés dans les meilleurs délais », a ajouté la même source. Aussi, en début de semaine, Mario Monti, le chef du conseil italien, et François Hollande ont-ils, à l'occasion d'un déjeuner de travail à l'Elysée, exprimé leur optimisme quant à la situation. « Nous avons la volonté de tout faire pour que, d'abord, les décisions du Conseil européen de la fin du mois de juin soient appliquées, que la zone euro soit défendue, préservée, consolidée et que nous puissions travailler à son intégrité, c'est-à-dire à ce que les questions qui sont posées soient réglées dans le cadre de la zone euro. Une nouvelle ambition politique doit être trouvée pour la zone », ont-ils rappelé devant des journalistes lors d'une conférence de presse. Autant d'espoir donc. La Banque centrale européenne est vivement attendue et doit agir pour rassurer les marchés. À l'heure où nous mettions sous presse, les grandes lignes des décisions de ce sommet n'étaient pas encore dévoilées. Mais selon les médias, l'institution a débattu de la possibilité d'intervenir sur le marché notamment en rachetant les obligations publiques des pays en difficulté sur le marché. Divergence Les discussions ont également porté sur la possibilité de voir la BCE et le fonds provisoire de secours européen, le FESF conjuguer leurs efforts sur le marché de la dette. Cela se traduirait donc par l'octroi d'une licence bancaire qui permettrait le FESF d'emprunter auprès de la BCE et d'augmenter considérablement ses moyens actuellement limités. Mais ce scénario se heurte au refus de l'Allemagne. Le ministre de l'économie, Philipp Rösler, a déclaré, mercredi, être opposé à l'octroi d'une telle licence bancaire pour le nouveau fonds de sauvetage de la zone euro, expliquant que cela inciterait les pays à relâcher leurs efforts de réformes. « Nous ne voulons pas prendre le chemin d'une union de l'inflation mais celui d'une union de stabilité. Une licence bancaire pour le MES ne fait absolument pas partie de nos projets », a-t-il affirmé. Christine Lagarde, la patronne du FMI, a, dans ce sens, exprimé des « doutes sur la capacité des dirigeants à mettre en œuvre les décisions auxquelles ils se sont engagés ». Elle a notamment évoqué le cas de la Grèce, indiquant que le Fonds ne quitterait « jamais la table des négociations » mais qu'il serait exigeant avec les autorités grecques concernant les réformes exigées à Athènes en échange de son sauvetage financier. Standard and Poor's craint un dérapage du déficit espagnol L'agence de notation Standard and Poor's a annoncé, mercredi, qu'elle maintenait la note de l'Espagne à BBB+, soit le premier cran des investissements considérés à risques, craignant que le pays ne puisse remplir son objectif ambitieux de déficit en 2012. La note reste inchangée en raison du fort engagement du gouvernement espagnol dans les réformes fiscales et économiques. S&P a souligné également que l'économie espagnole s'adapte rapidement à la crise intérieure et se tourne vers les exportations avec succès. « En glissement annuel, les exportations de biens et services à fin avril 2012 ont atteint des records », note l'agence de notation.