Les relations entre le Maroc et l'Afrique, séculaires qu'elles sont, ont longtemps pâti des aléas de la question du Sahara. Actuellement, sans être otage du règlement de ce dossier ni même des positions de certains partenaires africains, Rabat consolide sa présence sur la scène africaine avec une priorité accordée à l'Ouest. Une stratégie est ainsi mise sur les rails avec comme locomotive, l'économique. Le politique, le cultuel et le culturel suivent, chacun à son rythme. Le Maroc a claqué la porte de l'Organisation de l'unité africaine en 1984. A l'époque, l'Algérie avait réussi à imposer aux autres membres de l'OUA (Organisation de l'unité africaine) le fait d'accepter l'adhésion de la RASD. En dépit de cet incident de parcours, le royaume n'a jamais réellement rompu les liens, au demeurant séculaires, avec l'Afrique subsaharienne. Gérant les aléas de cette reconnaissance, feu Hassan II, s'appuyant sur ses solides amitiés avec certains dirigeants africains, a continué à approfondir les relations plutôt politiques avec les pays traditionnellement acquis au Maroc. Vers la fin de son règne, le royaume a réussi une percée diplomatique en Afrique en devenant un des membres fondateurs de la CENSAD, un groupement qui réunit les pays du Sahel. Avec Mohammed VI, l'Afrique subsaharienne est au centre de l'agenda de la nouvelle ère. A l'occasion du premier sommet Maroc-Afrique, avril 2000 en Egypte, le souverain annonce «l'annulation de l'ensemble des dettes des pays africains les moins avancés vis-à-vis du Royaume du Maroc et la levée de toutes les barrières douanières imposées aux produits importés de ces pays». Le ton était donné. C'est désormais, l'économie qui est le fer de lance de cette nouvelle stratégie. Preuve en est qu'entre 2003 et 2007, 207 accords de coopération ont été signés avec des partenaires africains. Ces accords concernent des programmes de coopération relatifs à l'agriculture, à l'hydraulique, aux aménagements urbains, aux infrastructures, à l'éducation… Forte de son expertise, Rabat s'est nettement rapprochée des groupements économiques régionaux notamment en Afrique de l'Ouest. A commencer par l' UMOA (Union monétaire ouest africaine). En 2006, une forte délégation marocaine a effectué une visite au siège de cette organisation. Deux années plus tard, un accord commercial a été signé entre les deux parties avec à la clé des concessions tarifaires réciproques et des dispositions visant la levée des barrières non tarifaires qui entravent les échanges bilatéraux. La CEDEAO (Commission de la communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (CEDEAO) ou encore la COMESSA (la Communauté des Etats du Sahel et du Sahara), composée de 15 pays africains dont le Maroc depuis 2001, sont deux points forts de la stratégie africaine du Maroc. Des moyens idoines pour suppléer l'absence du royaume des sommets de l'Union africaine, qui a repris le flambeau de la défunte Organisation de l'unité africaine. Forte de son expertise, Rabat s'est nettement rapprochée des groupements économiques régionaux notamment en Afrique de l'Ouest. Cette nouvelle stratégie a été renforcée par une série de visites du roi Mohammed VI en Afrique subsaharienne. Le monarque a multiplié les déplacements dans cette zone. Sénégal, Burkina Faso et Gabon en juin 2004 et nouvelle tournée en février 2005. Le 19 février 2006, c'est au tour de la Gambie, du Congo, de la République démocratique du Congo (RDC) de Kabila fils, et le Gabon de recevoir le roi Mohammed VI. Sans oublier sa visite au Niger en 2005. Des voyages où le politique et l'économique vont de pair. C'est suite à ces déplacements que les milieux d'affaires prendront le relais.