La crédibilité, la fiabilité, l'objectivité et la capacité des agences de notations à mesurer l'ampleur des crises et des déséquilibres financiers sont mises en cause par le Centre marocain de conjoncture (CMC). Les analystes vont jusqu'à attribuer à ces dernières une part de responsabilité dans la crise qui a fortement secoué l'économie mondiale. Plus encore «la tendance des agences à surréagir une fois les crises confirmées, contribue à aggraver celles-ci», soulignent les analystes. Mais qu'est-ce qui justifie l'offensive contre les agences de notations? En fait une série de critiques sont adressées aux agences mettant en évidence leurs défauts. A commencer par l'opacité des méthodes de notations. «Les méthodes se multiplient au gré des agences, les critères se calculent selon la fantaisie de techniciens pas toujours dotés de l'objectivité nécessaire à ce genre d'exercices, les secteurs sont explorés et jugés sans réelle maîtrise des structures qui les déterminent…», peut-on lire dans la dernière note mensuelle du CMC. La deuxième critique porte sur la situation oligopolistique, au plan mondial, des agences de notation. Ainsi trois agences : Standard & Poor's, Moody's et Fitch s'accaparent 95% du marché de la notation et près de 94% du chiffre d'affaires mondial. Il n'en reste pas moins que cette position dominante confortée par une politique de rachat des concurrents met en cause l'équilibre nécessaire entre les intérêts des émetteurs de produits structurés (titres…) et les investisseurs. La troisième critique a trait aux conflits d'intérêt entre les agences : « le fait que leurs revenus proviennent essentiellement des émetteurs de dettes qu'elles notent met en cause leur objectivité », relèvent les conjoncturistes. Une quatrième critique vise leur capacité de sanction du risque. Alors que les agences sont censées produire des informations transparentes, elles s'accaparent plutôt le rôle de manager indirect. Cette substitution est considérée par le CMC comme une usurpation du rôle des régulateurs du marché. Elles confondent ainsi deux métiers : celui de conseil et celui de prévention de risques. « Etant juge et partie on peut craindre une notation de complaisance », souligne-t-on au CMC. Cette situation encourage le « rating shopping », une pratique qui consiste à opter pour des agences qui attribuent la note la plus élevées à leurs titres. Gosso modo, le CMC met sur la sellette la confiance excessive accordée ces dernières années aux agences de notations par les régulateurs et les investisseurs. Une confiance qui peut coûter cher aux pays mal notés ou mal classés par les agences. Est-ce le cas du Maroc ? « Le bon élève soucieux de fluidifier ses accords de libre-échange » a le droit d'être fier «Le Maroc peut être fier de ne pas avoir été malmené par les agences de notation». de ne pas avoir été trop malmené par ces agences. Le Doing Business, projet de la Banque mondiale, fait cependant exception. Son rapport 2010, très contesté, classe le Maroc 128 e sur 183 pays. De l'avis des experts, bien que le projet ait l'avantage de mettre l'accent sur le lien entre réglementation et développement de l'entreprise, il a tout de même des lacunes. Le CMC lui reproche une méthodologie discutable et une vision simpliste. Or la crise financière internationale a bien montré que moins de réglementation n'est pas forcément synonyme de progrès. Il n'en reste pas moins que les indicateurs du Doing Business ont poussé le gouvernement marocain à un « jeu réactif ». L'incitation à opérer des réformes profondes et crédibles a pour conséquence de mettre à mal l'image que se forge l'opinion étrangère de l'économie et des finances du Maroc.