Les partis ne disposent pas tous d'un site web. Seuls les plus connus en ont un mais pas toujours mis à jour. Pourquoi nos partis ne sont pas dans l'ère de la technologie ? Eclairage avec le spécialiste de la communication Yahya El Yahyaoui. mal-technologie Des pages d'accueil figées depuis les élections du 25 novembre 2011. C'est le cas du site web de l'un des premiers partis politiques du Maroc qui peine à renouveler ses élites autant que sa technologie de communication. On y trouve encore les slogans et le programme de sa campagne électorale, un appel au vote et un débat autour de la formation du gouvernement, né depuis plus de six mois, à présent. Sur un autre site appartenant lui aussi à un colosse de la scène politique, on s'excuse depuis de longs mois de « la non mise à jour de ces derniers temps » promettant le lancement d'un nouveau site bientôt. Et il a bien intérêt à le faire, car celui qui consulte le site tel qu'il est aujourd'hui trouvera tout simplement les déclarations et interviews des anciens ministres appartenant au parti. Relation avec la toile En fait, peu de partis ont réellement tissé leur présence sur la toile. Et pour cause, se cache un simple désintérêt. « La présence des partis politiques marocains sur la toile est peu significative. Selon les statistiques disponibles mais peu récentes, seule une dizaine sur les 35 à 40 partis politiques ont une présence sur la toile, c'est-à-dire, disposant d'un nom de domaine visible et répertorié, d'un hébergeur crédible, d'un webmaster permanent ou occasionnel et d'un rythme de mise à jour plus ou moins régulier », explique Yahya El Yahyaoui, chercheur dans les domaines de l'information, de la communication et de l'Internet. Pour cet expert, les partis qui semblent remplir les critères ont pour commun une représentativité parlementaire ou régionale importante. « Autrement dit, ce sont les partis qui ont un poids dans la vie politique tels le PI, l'USFP, le MP, le PPS, le PJD et depuis peu de temps le PAM. Pour le reste, la présence sur la toile est sans valeur notoire », précise Yahya El Yahyaoui. Qualité des sites Mais il ne suffit pas de disposer d'un site si le parti le jette aux oubliettes. « Dans ce lot (des partis précités), l'on a affaire en général soit à des sites actifs, avec des équipes rédactionnelles stables, des informations fraiches et une mise à jour régulière ; soit à des sites qui n'ont que le nom. Et pour cause, ils sont sans contenu informatif substantiel, sans possibilités d'interactivité avec les utilisateurs et sans la moindre indication de la date de la dernière mise à jour, sans parler de l'ergonomie qui laisse à désirer », analyse cet expert. Et de préciser que certains sites sont, par ailleurs, libellés en une seule langue, l'arabe en l'occurrence, et reflètent une image presque à l'identique des supports papiers, journaux du parti ou photos pour meubler la page d'accueil. « Ils ne contiennent ni rubriques pour archives, ni fenêtres d'interaction, ni volets pour les forums ou pour les éventuelles ouvertures sur les réseaux sociaux tels Facebook ou Twitter. Ce sont en définitive, et pour les meilleurs d'entre eux, des instruments d'information plutôt que de communication », constate Yahya El Yahyaoui. Nos partis ont encore beaucoup à apprendre. Pour ce chercheur, l'appropriation de l'Internet par les partis politiques n'est peut-être qu'à ses débuts. « D'abord parce que l'outil est nouveau et demeure peu familier. Ensuite, parce que lesdits partis sont encore imprégnés par et d'une culture saisonnière, c'est-à-dire liée aux échéances électorales mettant au devant le discours oral plutôt que la communication codifiée », estime ce chercheur pour qui ces partis, traditionalistes dans leur majorité, n'ont pas encore bien encaissé le choc de la technologie citoyenne. « pjd.ma », un bon modèle...mais Selon l'équipe rédactionnelle de « pjd.ma », ce dernier est en tête de liste des sites Internet des partis politiques, depuis sa naissance en 2002. Le nombre des ses utilisateurs, d'après la même source, dépasse parfois les 50.000 notamment à l'occasion des élections 2011. Un succès qui lui aurait valu une tentative de piratage en 2007, puis une panne technique a été à l'origine de sa suspension momentanée quelques jours avant le 7e congrès du parti à l'occasion duquel un site y a été entièrement consacré. Aux yeux de l'expert, Yahya El Yahyaoui, le PJD a une tribune internet bien travaillée. « Le parti dispose d'une équipe qui y veille régulièrement, mais ladite tribune a l'inconvénient de porter la marque de l'action du parti au niveau du gouvernement et du parlement. C'est le parti sur la toile ni plus ni moins. Ce qui est redondant quelquefois », fait-il remarquer. * Tweet * * *