Lorsqu'on sait que les gouvernements, par exemple, de l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada, les Etats-Unis ou encore l'Espagne n'ont pas de départements ministériels dédiés au tourisme. Cela voudrait-il dire pour autant que l'Etat marocain devrait se désengager de ses responsabilités à l'égard de la première industrie nationale ? Avis de la Fédération nationale du tourisme. Bien de points faibles écornent toujours l'image du pays comme la qualité des services, la propreté, la qualité de l'air, le sentiment de sécurité, la qualité-prix de l'hébergement, l'accueil humain, l'infrastructure routière… Pourrait-on imaginer un secteur privé sans public dans une activité comme celle du tourisme ? La réponse est effectivement oui, nous apprend Etienne Pauchant, président-fondateur de la Mediterranean Travel Association (META). C'était à l'occasion d'une conférence de presse organisée hier à Casablanca par la Fédération nationale du tourisme (FNT) sur le thème : «pour un partenariat public-privé renforcé au service du tourisme marocain». L'expert étaye sa vision -voulant que les professionnels du tourisme national prennent les choses en main sans trop compter sur l'Etat-par le fait que les gouvernements, par exemple, de l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada, les Etats-Unis ou encore l'Espagne n'ont pas de départements ministériels dédiés au tourisme. Cela voudrait-il dire pour autant que l'Etat marocain devrait se désengager de ses responsabilités à l'égard de la première industrie nationale ? Toute la question est là. Bien que les avis des professionnels assistant à cette rencontre soient divisés. L'Etat assure encore sa fonction régalienne d'aménageur, développeur et promoteur. Et il n'est plus question qu'il cède la place au privé, est-il souligné, du moins dans le court ou moyen terme alors qu'il assume une tâche plus importante, celle de stratège, comme l'a relevé ce haut responsable. Emporté du fait du grand gap qui sépare encore les programmes officiels (théoriques) et leur mise en œuvre(pratique), Othman Cherif Alami, PDG d'Atlas Voyages, est on ne plus clair : « Des mises en chantier à la traîne, un aérien qui bat de l'aile, des compagnies low-cost qui plient bagages…», laisse-t-il entendre. Et au président d'honneur de la FNT de trancher : « le moteur est en panne». Ce dernier pense en fait, pour plus de détails, au retard pris dans la mise en place des agences de développement territorial, aux mises à l'écart des Conseils régionaux du tourisme (CRT), au rôle même de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) ou encore à la redistribution des recettes de la Taxe de promotion touristique. Sur ce dernier chapitre, il déplore que les professionnels n'ont jamais été approchés par les pouvoirs publics au moins pour une cogestion de cet argent qui devrait normalement leur revenir. Sans parler du budget alloué à la promotion et la commercialisation de la destination Maroc s'élevant à plus de 580 millions de dirhams. Alami ira encore plus loin en plaidant pour une restructuration juridique de l'ONMT. Une restructuration qui, à son sens, devrait accorder plus de prérogatives au privé, optant pour plus de responsabilisation et d'implication dans la gestion de la chose publique. À ses yeux, le PPP est en panne. Mohamed Ali Ghannam, président de la FNT, qui se veut plus diplomatique, prend le bâton par le milieu. « Le PPP est une équation à plusieurs variables. On ne peut quand même pas ignorer ou négliger le rôle de l'Etat, pour ne prendre que l'exemple de la vision 2010 qui a été copiée par les autres stratégies (Maroc Vert, Emergence, Halieutis…)», se réjouit-il. N'empêche que Ghannam apporte lui aussi son lot de critiques. Il s'attaque directement aux racines du mal, la culture francophone. «Cette culture est fondée essentiellement sur l'esprit critique contrairement à celle anglo-saxonne qui prône l'esprit positif», ironise-t-il. Il est temps alors de révolutionner le modèle de management en vigueur au Maroc pour adopter celui anglo-saxon. Là , le dernier mot revient au politique et non à l'économique. Mis à part le modèle de management à suivre, le PPP est invité d'abord à affûter ses armes de compétitivité. L'étude présentée à cette occasion par le président de la META fait ressortir bien de points faibles qui écornent toujours l'image du plus beau pays du monde. À la clef, la qualité des services, la propreté, la qualité de l'air, le sentiment de sécurité, la qualité-prix de l'hébergement, l'accueil humain, l'infrastructure routière… Le sondage effectué auprès des touristes laisse dégager des taux de plaintes liées à la santé et la sécurité plus élevées dans la rive sud de la Méditerrané. * Tweet * * *