Dans cet entretien exclusif au Soir échos, Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères et à la coopération, revient sur les raisons qui ont décidé le Maroc à expulser l'ambassadeur syrien à Rabat et sur la position du Maroc sur le dossier syrien. Youssef Amrani, ministre délégué aux Affaires étrangères, dans une précédente réunion au Conseil de sécurité de l'ONU. Pourquoi le Maroc a finalement pris la décision de renvoyer l'ambassadeur de la Syrie à Rabat ? La décision souveraine du Royaume du Maroc de considérer l'ambassadeur syrien à Rabat persona non grata a été prise après avoir donné toutes les chances au régime syrien pour arrêter les violences et s'impliquer sérieusement dans les efforts internationaux en vue de trouver une sortie politique à la crise syrienne. Malheureusement, les autorités syriennes n'ont pas honoré leurs engagements : aujourd'hui encore, nous assistons à une recrudescence de la violence, à de violations répétées des droits de l'Homme et d'assassinats arbitraires. Un enlisement de la situation ne peut être toléré à un moment où la communauté internationale est résolument engagée pour stabiliser ce pays. Et qu'est-ce qui avait justifié le rappel de l'ambassadeur du Maroc à Damas, il y a 8 mois ? Le Royaume avait rappelé son ambassadeur à Damas, le 16 novembre dernier, pour protester contre un système syrien qui n'arrive pas à se renouveler. De plus, le Maroc s'est engagé avec sérieux et dynamisme dans toutes les décisions et initiatives arabes et internationales visant le règlement de la crise syrienne. Comment se présente la situation sur le terrain ? Bien que le gouvernement syrien ait accepté la mise en œuvre du plan de Kofi Annan, la situation sur le terrain n'a guère évolué et les violences se poursuivent . À titre d'exemple, plus de 20 000 victimes, en majorité des civiles, ainsi que plusieurs milliers de blessés et 65 000 réfugiés, entraînant une grave crise humanitaire aux effets désastreux. Ce cycle infernal « soulèvement-répression-insurrection-destruction » risque de conduire à une polarisation durable de la société syrienne d'où la nécessité d'accorder la priorité immédiate à la préservation des vies innocentes et à la cessation de la violence. Pouvez-vous nous présenter, de manière explicite, la position du Maroc sur le dossier syrien ? Notre pays, dans le cadre d'une démarche proactive et transparente, a toujours exprimé des positions politiques de principe claires sur le dossier syrien. Les fondements et les principes de cette position sont connus et se déclinent comme suit : arrêt immédiat et complet des violences ; promotion du dialogue politique dans le cadre d'une transition démocratique ; respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie et cohésion de son tissu social pluraliste. Comment se présente le travail de la diplomatie marocaine aux côtés des autres pays arabes sur ce dossier ? Le Maroc a, dès le déclenchement de la crise syrienne, fait preuve d'un grand engagement et d'un dynamisme soutenu en participant activement à l'élaboration des décisions adoptées dans le cadre de la Ligue des Etats arabes et en insistant pour que ces décisions ne sortent pas de ce cadre. Le Maroc n'a pas d'agenda national par rapport à la crise syrienne et en tant que pont entre la Ligue arabe et le Conseil de Sécurité, il agit dans le cadre strict des positions arrêtées par la Ligue. D'ailleurs, en sa qualité d'unique membre arabe non-permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, le Maroc est déterminé à poursuivre son action afin de parvenir à une solution pacifique fondée sur la réconciliation nationale entre l'ensemble des composantes de la société syrienne. Concrètement, quelles seront les prochaines étapes dans l'action du Maroc vis-à-vis de la situation en Syrie ? Notre pays continuera à contribuer, de manière active, sereine et responsable à toutes les initiatives au niveau du Conseil de sécurité en s'efforçant de favoriser le consensus et le rapprochement par rapport aux éléments de divergence. Je tiens d'ailleurs à vous rappeler que le premier projet de résolution a été présenté par le Maroc et que notre pays est le plus grand contributeur des observateurs onusiens de la mission d'observation de la Ligue des Etats arabes. Concernant les prochaines étapes, le Maroc abritera la 4e édition de cette importante manifestation ce qui constitue d'ailleurs une reconnaissance du rôle joué par le Maroc et de son statut d'acteur et d'interlocuteur écouté et respecté. * Tweet * * *